La Covid-19 au prisme de Molière (2/3)

Première partie : Molière dans le texte

Deuxième partie : Orgons et Tartuffes du XXIème siècle

Nous pourrions, certains le préconisent, ne rien faire, et assumer de laisser le virus circuler. (…). Le conseil scientifique a évalué les conséquences d’une telle option, elles sont implacables : à très court terme, cela signifie le tri entre les patients à l’hôpital, et d’ici quelques mois c’est au moins 400 000 morts supplémentaires à déplorer. Jamais la France n’acceptera cette option.


Emmanuel Macron, adresse au Français, 28 octobre 2020

L’émollient de l’aisance financière et de la sécurité matérielle

La première cause de la vulnérabilité à l’annexion de l’esprit des Orgons par les Tartuffes d’aujourd’hui est l’aisance financière, la sécurité qu’elle procure et l’oisiveté à laquelle elle ouvre les portes. Qui a le ventre bien rempli, un toit vaste et solide pour s’abriter, des gens pour le servir, de l’argent à dépenser en loisirs de toutes sortes, est moins porté à remettre en question l’ordre établi que celui qui misère sa vie dans les affres de l’indigence. Un animal de ferme ne raisonne pas autrement ; relisez le loup et le chien de la Fontaine.

C’est la situation de tous les personnages de Molière que nous avons passés en revue. Ils sont d’un rang social élevé, et le quotidien dans lequel on les voit évoluer montre assez qu’ils ont du temps libre à foison, temps libre qu’ils peuvent occuper à se cultiver, embaucher des professeurs de toutes les matières, ou se ronger les sangs pour une phobie qui les accaparerait moins s’ils avaient toute la journée le nez dans le guidon de leurs affaires. Les Orgons de notre époque sont les retraités de la populeuse et gavée génération de mai 1968 et les membres plus jeunes de la bourgeoisie supérieure, dont les revenus permettent d’accéder à toute la panoplie des facilités et loisirs de la société de consommation moderne. Enfants chéris du système, dont ils sont les premiers pourvoyeurs de laine et de graisse, ils sont les plus portés, malgré un niveau d’étude souvent élevé, à croire à tous les boniments que colportent les médias et les politiques sur la terrifiante pandémie et d’autres sujets d’importance. Ils tirent de surcroît de la grande aisance relative dans laquelle ils se trouvent une raison de se convaincre qu’ils ne peuvent être dans l’erreur : ce qu’ils ont dans les mains, que tant d’autres n’ont pas, les convainc que leur tête est mieux faite et moins sujette à l’erreur. Par antithèse, il est évident que ceux qui souffrent, ont tout perdu ou sont en train de tout perdre, tous ceux qui forment la foule de plus en plus nombreuse dont la pointe visible est le mouvement des Gilets jaunes, foule qui est encore en train de grossir à cause des draconiennes mesures du confinement : les hôteliers, les restaurateurs, les serveurs, les plongeurs, les cuisiniers, les petits commerçants, les musiciens, les acteurs, les personnels navigants des compagnies aériennes, les agents d’escale, les personnels des agences événementielles, les ouvriers, les coiffeurs et les esthéticiens — tous ces gens et professions, pour ce qu’ils en connaissent ou ce qu’ils en découvrent, ne sont pas ou de moins en moins portés à prêter à Tartuffe une oreille complaisante, en traquent les mensonges, les ruminent, et inéluctablement se désorgonisent. Et que dire, pour prendre l’exemple le plus récent, du personnel soignant, toutes catégories confondues : médecins généralistes, infirmières, urgentistes, dentistes, kinésithérapeutes, qui toute l’année en 2019 ont battu le pavé pour hurler dans le désert l’agonie de l’hôpital public, leurs conditions de travail parfois effroyables, et qui se sont retrouvés en première ligne dans la « guerre » contre la Covid-19 en 2020, sans masques FFP2, les seuls tant soit peu étanches contre les virus, ou avec des masques chirurgicaux périmés, vêtus de sacs poubelle en guise de vêtements de protection, coiffées de charlottes fournis par des cantiniers, chaussés de gants offerts par des plongeurs, constatant au quotidien le décalage abyssal entre la parole politique et la réalité du terrain, les déclarations d’intention jamais suivies d’effet, les promesses faites la main sur le cœur jamais tenues, l’absence de base scientifique et les contradictions perpétuelles des mesures sanitaires, les palinodies assumées toute honte bue. Nous recommandons sur ce sujet la lecture du Scandale des soignants contaminés, du docteur Jérôme Marty.

Le sandale des soignants contaminés, du docteur Jérôme Marty, président du syndicat Union Française pour une Médecine Libre (UFML), publié en septembre 2020 aux éditions Flammarion

Le facteur générationnel

Insistons sur cette génération de mai 1968, issue du baby boum, dont de nombreux spécimens sont persuadés d’avoir courageusement mené à bien une révolution, d’y avoir remporté de grands et définitifs succès sur le champ de la lutte sociale et progressiste, exhibant comme de glorieux trophées le droit à l’avortement, la libération de la pornographie, la fière affirmation de son homosexualité, la destruction de la religion et de l’église, ou encore l’émancipation des femmes qui depuis des millions d’années d’oppression patriarcale gémissaient dans la camisole de mères. Cette génération, qui pèse d’un poids et d’une importance considérable dans l’opinion publique, a connu à l’échelle de l’histoire de France la plus prodigieuse amélioration des conditions de vie qu’on ait jamais connue. Non seulement elle est entrée dans la vie active pendant les fameuses « trente glorieuses », où c’était les employeurs qui se battaient pour attirer les salariés et non les salariés qui se prostituaient pour attirer leur regard, où les salaires et le pouvoir d’achat augmentaient tous les ans, rendant tout facile et accessible, permettant d’accéder jeunes à la propriété et aux résidences secondaires, mais encore le progrès technique et scientifique a objectivement révolutionné leurs conditions de vie : certains dans leur enfance n’avaient pas l’eau courante, l’électricité, la télévision, le téléphone, et à la fin de leur vie les voilà avec des lave-vaisselle, internet, des téléphones portables, plusieurs télévisions qui leur donnent accès à des centaines de programmes, la possibilité de voyager aux quatre coins du monde à vil prix, le choix d’un régime alimentaire international au lieu de régional, le remboursement par la sécurité sociale du changement de sexe… Nous autres nés en des temps plus sombres, peut-être apocalyptiques, devons bien avoir à l’esprit ce fait quand nous portons sur nos aînés un regard sévère et grondeur. Si nous avions été à leur place pour vivre comme en un rêve éveillé pareil décollage historique, immanquablement, scotchés par les G au fond de nos sièges, nous serions portés à pareillement croire aux nouveaux Tartuffes comme en Dieu-même.

Le diplôme et le rang social ne font rien à l’affaire

Argan, Orgon, et M. Jourdain, nous sont montrés sous un jour si peu flatteur que nous avons peine à concevoir qu’ils puissent être pourvus de hautes aptitudes leur ayant permis de s’élever jusqu’à l’état d’extrême aisance où nous les découvrons. Or, aucun d’entre eux, est-il suggéré dans les pièces, n’a acquis sa fortune par seul héritage, et pour ne prendre que le cas d’Orgon, il doit bien avoir eu quelque talent de séduction pour se marier à deux reprises, la seconde fois étant en âge mûr, avec une jolie femme qui plutôt que de le trahir, met tout en œuvre pour lui découvrir l’imposture d’un séducteur auquel en d’autres circonstances elle aurait pu céder. Bref, si l’on met de côté M. Jourdain, qui relève presque de la farce, Argan et Orgon en d’autres situations ou époques de leur existence nous paraîtraient sans doute intelligents et peut-être solaires. Leur maladif aveuglement est certainement accru par la conscience justifiée qu’ils ont de leurs hautes qualités intellectuelles, que Molière il est vrai ne nous donne guère à voir, sinon ils ne seraient pas aussi comiques. Par contraste, le personnage de la servante : Dorine dans Tartuffe, Nicole dans les Femmes savantes, Toinette dans le Malade imaginaire, souligne à quel point la lucidité est un phénomène humain indépendant de la hauteur du diplôme, du statut social et de l’intelligence pure : quand une phobie, une idée fixe, une croyance absurde, viennent s’interposer, par disposition naturelle, ou l’irruption d’un gourou, entre une brillante machine intellectuelle et la réalité, le jugement devient aussi faux que celui d’un dément, et la jugeote et l’imagination de la plus humble servante passent de loin en utilité les ressources gratifiantes d’un major de Normal Sup, d’un prix Nobel, d’une médaille Fields, ou d’un faiseur de milliards.

La peur de la mort

Les leviers psychologiques sur lesquels agissent la triplette Diafoirus/ Purgon/Fleurant et Tartuffe ne sont pas de ceux que l’on peut feindre d’ignorer. Les premiers se portent garants de la continuité physique des hommes, le second de leur continuité spirituelle, autrement dit les deux biens, réels ou imaginaires, auxquels la plupart des hommes sont le plus attachés – en un mot la vie. Nous avons en France le président le plus mal élu de toute notre histoire, n’ayant réuni au premier tour que 18,5% des voix parmi les inscrits – pour peu que le décompte ait été honnête à la fin de la mascarade. Si les médias ne l’avaient pas artificiellement construit, sur les instructions de l’increvable conseiller des présidents depuis François Mitterrand Jacques Attali, son nom serait à peine plus digne de célébrité que celui d’un Guillaume Peltier. Son gouvernement n’a surmonté la crise sociale et systémique des Gilets jaunes qu’au prix d’une répression féroce et sanglante sans exemple depuis la fin de Seconde Guerre Mondiale, masquée aux yeux des Orgons par une couverture médiatique frauduleuse et diabolisante. Emmanuel Macron restera à jamais dans les livres d’histoire le maire du palais sous le règne duquel Notre-Dame de Paris a été réduite en cendres, les soupons d’incendie criminel ayant été dénigrés dès les premières heures, avant tout enquête, comme dérives complotistes, ce qui en soi est une signature. Et il ne s’agit là que du plus flagrant aperçu d’une liste « d’actions toutes noires, dont on pourrait former des volumes d’histoire ». Évaporé jusqu’à cette lie de bassesse et d’ignominie, que reste-t-il au pouvoir, pour regagner en légitimité auprès de ce qui lui reste de millions de fidèles, parmi les plus riches, les plus diplômés, et les plus âgés, sinon de jouer sur l’air que l’on respire, et les têtes que l’on décapite ? La peur de la mort est un levier dangereux à manier, mais il est infaillible quand la bête a été convenablement dressée, son mors bien ajusté, et qu’on sait la mener en serrant la bride. Pendant tout le mois d’octobre 2020, les autorités françaises ont pu jouer à fond sur ces deux tableaux en même temps, l’état d’urgence terroriste s’ajoutant pendant quelques jours à l’état d’urgence sanitaire, ces deux calamités démesurément enflées ayant permis de promouvoir à la fois la loi de sécurité globale votée par le Parlement le 24 novembre 2020, et la future campagne de vaccination de l’ensemble de la population française à partir du mois de janvier 2021.

Plus l’on y a cru longtemps plus l’on est porté à y croire

« Regardez-vous encore la télévision ? », « Écoutez-vous toujours la radio ? », « Continuez-vous d’acheter un quotidien ? » : A partir de ces trois simples questions, le diagnostic est instantané. Ceux qui répondent par l’affirmative sont les plus acharnés à croire et à défendre l’angoissante et inlassable propagande prétendant expliquer que l’humanité est en train de vivre la plus grande catastrophe sanitaire depuis la peste noire au XIVème siècle. Plus subtilement, si l’on se réfère au site de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires (MIVILUDES), ils se distinguent par « des réponses stéréotypées à toutes les questions existentielles » – à remplacer ici par « questions médiatisées ». Au contraire, ceux qui ont coupé le cordon ombilical et se sont échappé du confort et du conditionnement amniotiques de la matrice sont les plus insensibles à ce « galimatias », ce « spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets ». Là encore, comme chez les personnages de Molière, il faut y voir en partie un effet de l’âge. Orgon, Argan, et M. Jourdain ne sont pas des damoiseaux. Plus l’on a cru pendant longtemps, plus il est difficile de se débarrasser de ce qui a fini par prendre la rigidité de l’habitude, voire du rituel, qu’il soit nuisible ou bénéfique. De même qu’on voit rarement des chrétiens se faire musulmans, ou des croyants se faire athées, et inversement, passé l’âge de 40 ans, de même celui qui 30 ans durant a allumé la même station de radio à son réveil, et passé ses deux heures quotidiennes à s’imbiber de sa feuille favorite, rencontre-t-il une résistance granitique à envisager que ce puisse être là des machines détournées pour fausser son jugement et confire de sornettes son esprit. C’est ainsi que ceux qui à vingt ans pensaient rénover de fond en comble et de façon définitive le fonctionnement de l’intellect, et accéder les premiers dans l’histoire de l’humanité, tous ensemble et pour de vrai, au statut de libres penseurs, sont-ils devenus plus bigots, crédules, et superstitieux que leurs parents, grands-parents et aïeux dont ils moquaient avec une superbe assurance et de tonitruants éclats de rires la naïveté, la crédulité, et la piété !

Des médecins médiatiques qui valent bien ceux de Molière

Pour ce plus long des chapitres de cette seconde partie, les médecins peints par Molière semblent avoir été conçus exprès pour fournir une analogie frappante avec les « experts » dont l’autorité est invoquée dans les médias pour accroître la crédibilité de la propagande catastrophiste sur la Covid 19, et faire ainsi passer l’énorme et amère pilule des mesures de confinement dont la seule cohérence, indépendante de la maladie, est de devenir de plus en plus contraignantes au fur et à mesure et que les semaines et les mois passent et que sa létalité diminue. Le médecin escroc est le personnage fétiche de Molière, qu’on retrouve dans un très grand nombre de pièces, même dans celles où il n’a aucun rôle, ne semblant y avoir été placé que pour le plaisir du clin d’œil. C’est à chaque fois pour eux ou pour leurs protagonistes l’occasion d’exposer avec humour et cynisme leur profession de foi.

Dans Le médecin malgré lui, victime d’une fourberie de sa femme, Sganarelle a été de force enrôlé comme médecin pour soigner une jeune fille qui a perdu la parole – seul moyen pour elle en fait de se soustraire à un mariage auquel son tyran de père veut la contraindre, toujours le même canevas… Ayant été contraint d’en revêtir l’habit et le chapeau, il s’étonne de l’effet extraordinaire qu’il produit par sa seule apparence : « Je ne m’étais jamais mêlé d’être si savant que cela : et toutes mes études n’ont été que jusqu’en sixième. Je ne sais point sur quoi cette imagination leur est venue : mais quand j’ai vu qu’à toute force, ils voulaient que je fusse médecin, je me suis résolu de l’être, aux dépens de qui il appartiendra. Cependant, vous ne sauriez croire comment l’erreur s’est répandue : et de quelle façon, chacun est endiablé à me croire habile homme. On me vient chercher de tous côtés : et si les choses vont toujours de même, je suis d’avis de m’en tenir, toute ma vie, à la médecine. Je trouve que c’est le métier le meilleur de tous : car soit qu’on fasse bien, ou soit qu’on fasse mal, on est toujours payé de même sorte. La méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos : et nous taillons, comme il nous plaît, sur l’étoffe où nous travaillons. Un cordonnier en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir, qu’il n’en paye les pots cassés : mais ici, l’on peut gâter un homme sans qu’il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous : et c’est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin le bon de cette profession, est qu’il y a parmi les morts, une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde : jamais on n’en voit se plaindre du médecin qui l’a tué. » Pour actualiser un peu : jamais on n’en voit se plaindre d’avoir été tamponné sur le front « mort de la Covid-19 », pour un simple test positif, afin de grossir et rendre plus effrayants aux yeux du troupeau les macabres bilans quotidiens des morts au front de la nouvelle peste noire.

Sganarelle est enrôlé de force comme médecin par deux serviteurs d’un homme qui cherche désespérément à guérir sa fille devenue muette. Pour les Diafoirus de la Covid 19, c’est plus la carotte que le bâton qui stimule les vocations.

Nous avons vu comment, dans Le malade imaginaire, Argan est convaincu par son entourage à la fin de la pièce de devenir lui-même médecin pour éradiquer une bonne fois pour toutes son hypocondrie, son ami le sage Béralde chassant ainsi ses derniers doutes : « en recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela, et vous serez après plus habile que vous ne voudrez. (…) L’on n’a qu’à parler; avec une robe, et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison. »

Au début de l’acte III de Don Juan, le personnage éponyme et son valet Sganarelle se sont déguisés pour échapper aux frères de Dona Elvire, qui les recherchent pour tirer vengeance du mariage que Don Juan n’a contracté que pour jouir d’une seule nuit avec la belle. Don Juan a revêtu un habit de campagne, Sganarelle celui de médecin. Comme son maître s’en amuse, il s’explique : « Mais savez-vous, Monsieur, que cet habit me met déjà en considération ? que je suis salué des gens que je rencontre, et que l’on me vient consulter ainsi qu’un habile homme ? » Loin de les détromper, Sganarelle a eu la fantaisie d’accepter de les soigner : « j’ai voulu soutenir l’honneur de mon habit, j’ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun. (…) j’en ai pris par où j’en ai pu attraper, j’ai fait mes ordonnances à l’aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu’on m’en vînt remercier. » Ce qu’approuve fort Dom Juan, grand maître ès tromperies et manipulations : « Par quelle raison n’aurais-tu pas les mêmes privilèges qu’ont tous les autres médecins ? Ils n’ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard, et des forces de la nature. »

Sganarelle : « j’ai voulu soutenir l’honneur de mon habit, j’ai raisonné sur le mal, et leur ai fait des ordonnances à chacun. (…) j’en ai pris par où j’en ai pu attraper, j’ai fait mes ordonnances à l’aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu’on m’en vînt remercier. »

Pour vendre au public le retour de la grande peste noire, les présentateurs/bonimenteurs ne vont pas jusqu’à dégoter le premier vagabond venu, pour le laver, le poudrer, le glisser dans un costume et lui donner du Monsieur le Professeur, mais en vérité nous n’en sommes pas si loin ! Les médecins/experts sont évidemment bardés de diplômes en bonne et due forme, occupent de hauts postes de responsabilités, et sont membres de ribambelles d’organisations et collèges médicaux aux acronymes intimidants, dont le présentateur du jour, devenu son ami à force d’œuvrer avec lui en complice, ne manque jamais d’énumérer les qualités avec déférence en joignant les mains et en baissant légèrement les épaules : Professeur, chef de service des maladies infectieuses, infectiologue, épidémiologue, président du Conseil scientifique, membre du Collège des Universitaires des Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT), Direction Générale de la Santé (DGS), l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), Agence Européenne des Médicaments (EMA), Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Conseil de l’Ordre National des Médecins (CNOM), Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF) – chaque lien hypertexte renvoie aux organigrammes desdites structures. L’interviouveur est toujours d’une politesse extrême, jouant l’ahuri à deux neurones, ne relevant jamais ou minimisant les erreurs, mensonges, conflits d’intérêt et retournements de veste, finissant sur un ton empathique les phrases de son interlocuteur quand celui-ci peine à trouver ses mots. Même les palinodies les plus monumentales et les prévisions après coup les plus erronées, et les dévoilements de conflits d’intérêt les plus incontestables, n’ont aucun effet délétère sur leur réputation, et la fréquence de leurs invitations dans les émissions de radio et de télévision où depuis neuf mois ils sont omniprésents depuis le premier jour. Cette combinaison d’hypocrisie et d’impunité fait furieusement penser la seconde profession de foi de Don Juan, qu’il adopte pour échapper aux ennemis mortels qui veulent tirer de lui une juste vengeance : « Le personnage d’homme de bien [remplacer par « expert » ou « médecin médiatique »] est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée, et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie à force de grimaces une société étroite avec tous les gens du parti ; qui en choque un, se les jette tous sur les bras, et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés : ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres, ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. (…) si je viens à être découvert, je verrai sans me remuer prendre mes intérêts à toute la cabale, et je serai défendu par elle envers, et contre tous. Enfin, c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais, et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel, et sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui sans connaissance de cause crieront en public contre eux, qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle. » Cela n’a pas été écrit en 2020 !

Karine Lacombe : un parangon de Diafoirus moderne

Considérons seulement, dans l’ordre chronologique, un échantillon non exhaustif de déclarations du professeur Karine Lacombe, qui coche toutes les cases du profil et du manifeste, jusqu’à la « haine irréconciliable » ! Ce parangon d’expert en carton-pâte a été maintes fois dénoncé depuis sa venue au monde médiatique, qui remonte au début de l’épidémie début mars, mais comme nous le disions précédemment sous forme hyperbolique, l’indiscutable série de flagrants délits en multirécidive a eu aussi peu de conséquences qu’un souffle franc sur la course des étoiles, et le dossier de Mme Lacombe n’a jamais cesser de s’épaissir jusqu’à la fin du mois de novembre, et il le continuera encore ! Le CV a pourtant tout en apparence pour inspirer la confiance : médecin et infectiologue, Karine Lacombe, est cheffe du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP). Elle est également professeure à la faculté de médecine de la Sorbonne, et titulaire d’un diplôme en santé publique et évaluation des actions de santé et d’un doctorat en épidémiologie, et fait partie du Collège des Universitaires des Maladies Infectieuses et Tropicales (CMIT), structure nationale regroupant les enseignants–chercheurs de pathologie infectieuse et tropicale.

Mars 2020- Palinodie sur le port du masque, passage sur LCI chez David Pujadas et conférence de presse gouvernementale

Le 17 mars sur LCI, interrogée par David Pujadas elle se positionne contre le port du masque : « Je ne pense que le coût et l’efficacité de la mesure soit en faveur du masque pour tout le monde. » Le 4 avril sur BFMTV, elle défend la position inverse : « Le fait que tout le monde porte un masque, évidemment cela protège tout le monde. »

Cette palinodie est loin d’être isolée dans le concert des marchands d’épouvante sur ce sujet : Karine Lacombe a suivi ici, en bonne équipière, le peloton négociant le virage à 180° emmené par les leaders Jean-François Delfraissy, Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Olivier Véran, Jérôme Salomon et consorts, mais en tant que professionnelle de la santé « indépendante », elle aurait dû rester sur sa position initiale, basée sur le fait qu’aucune étude scientifique n’a établi à ce jour l’efficacité du port généralisé du masque chirurgical (pas le FFP2) dans le cadre d’une épidémie comme celle du SARS Cov-2 (( C’est le 11 février que le « coronavirus de Wuhan », puis « nouveau coronavirus 2019 », prend officiellement le nom de « Sars – Cov 2 » (acute respiratory syndrome coronavirus 2); en français : coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère)) (ou de la Covid-19).

Le 23 mars, au JT de 13 heures sur France 2, elle se livre à un violent réquisitoire contre l’hydroxychloroquine, l’antiviral testé avec succès à l’IHU de Marseille par les équipes du professeur Didier Raoult, chercheur de renommée mondiale dans le domaine de l’infectiologie : « Sur la base d’un essai qui est absolument contestable sur le plan scientifique et qui ne montre absolument rien quand on regarde exactement les chiffres et la façon dont il a été mené, on expose les gens à un faux espoir de guérison. Utiliser un médicament comme ça, hors AMM, c’est-à-dire hors autorisation de mise sur le marché, en exposant les personnes qui le prennent à des complications, sans avoir vérifié les conditions de base de la chloroquine, je pense que c’est en dehors de toute démarche éthique. Même si ce médicament peut potentiellement avoir une activité, ce qui a été montré sur des données in vitro. On ne peut pas comme ça maintenant le donner à n’importe qui dans n’importe quelles conditions. Je pense que c’est extrêmement dangereux. »/ « Ce qui se passe à Marseille est absolument scandaleux »/ « Je pense que c’est extrêmement dangereux et que ça fait partie de cette réaction insensée et complètement hors base scientifique correcte. Il faut faire extrêmement attention et je suis extrêmement peinée que des scientifiques de renom comme mes collègues de Marseille se soient engagés dans une action de ce type-là. Il faut absolument essayer de garder raison face à cette maladie. »

Beaucoup trop d’« extrêmement » d’« absolument », plus généralement de tournures hyperboliques associées à un lexique péjoratif dans cette éruption d’indignation dénuée d’arguments. Par ailleurs, le député et médecin Joachim Son-Forget lui objecte justement sur Twitter : « Vous devez, chère confrère, quand vous intervenez, déclarer vos conflits d’intérêt puisque vous avez touché de l’argent de Abbvie qui produit le Kaletra et de Gilead qui produit le remdesivir. les deux alternatives a l’hydroxychloroquine, cheap [bon marché] et non protégée. » Il est éclairant de mettre cette diatribe en regard du ton beaucoup plus conciliant et optimiste qu’elle emploie quand on la questionne, le 29 avril, sur RMC, à propos de l’efficacité dudit remdesivir, fabriqué par le laboratoire Gilead qui a noyé ses épinards dans le beurre : « oui l’essai est prometteur, mais l’essai américain dit que les patients qui ne meurent pas guérissent un peu plus vite que les autres. c’est pour cela que ça ne va pas être la panacée non plus. C’est probablement une des molécules qui va devoir être utilisée, mais dans un arsenal thérapeutique. On n’est pas sûr que pour traiter les patients les plus graves, un seul traitement suffise. Ce sera probablement une association de médicaments, des médicaments pour tuer le virus, mais également des médicaments pour contenir la réaction inflammatoire immunologique. » Par la suite – dès le mois de mars, en fait – le professeur Raoult quant à lui (( Le 8 juillet, le professeur Raoult tweete : « Le remdesivir ne soigne pas. Pire, il cause des insuffisances rénales : sur les 5 premiers patients traités par ce médicament à l’hôpital Bichat @APHP, 2 ont été mis sous dialyse. Quand aura-t-on les résultats de Discovery ? Qu’attend l’OMS pour réagir ? »)) n’aura de cesse d’avertir de façon catégorique que ce médicament non seulement ne marche pas mais provoque de graves effets secondaires sur la circulation rénale, raison pour laquelle ce médicament sera in fine formellement déconseillé le 20 novembre par l’OMS, et abandonné dans toutes les études comparatives du type Recovery ou Discovery. l’Union Européenne n’aura pas su refréner, malheureusement pour le contribuable, son impatience à en commander 500 000 doses début octobre. Un très grand merci à Karine et ses copains, parmi lesquels l’inénarrable et tout aussi omniprésent dans les médias Martin Blachier (( En mai 2020, participant à un débat sur France 5 Martin Blachier déclare « Le Remdesivir, un vrai espoir pour les patients, on va en entendre parler et cela va balayer les histoires d’hydroxychloroquine. » Il niera publiquement par la suite avoir tenu ce genre de propos.)) !

Le 28 mars, on ne sait pas à quel titre, Karine Lacombe participe à la conférence de presse sur l’épidémie de coronavirus menée par le Premier ministre Édouard Philippe, en compagnie du ministre de la santé Olivier Véran, du directeur général de la santé Jérôme Salomon, et d’Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’institut Pasteur et membre du conseil scientifique.

28 mai 2020 – Premier passage sur BFM TV chez Jean-Jacques Bourdin

Le 28 mai, elle est interviouvée par Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV. Contexte : Le Haut Comité de Santé vient de publier un avis défavorable sur l’hydroxychloroquine, et le gouvernement d’abroger les dispositions qui permettaient de prescrire l’hydroxychloroquine depuis le 26 mars4 (( Rappel chronologique exhaustif : mi février, la Chine annonce la victoire de l’hydroxychloroquine sur le virus, qui a été testée dans une dizaine d’hôpitaux différents (Christian Perronne, Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? p. 94). Le 25 février, le professeur Raoult fait une annonce fracassante : J’avais été interviouvé par la télévision chinoise, on m’avait demandé le conseil que je donnais aux Chinois que je considère comme les meilleurs équipes de virologie au monde. Je leur ai dit : j’espère que les Chinois donneront les résultats d’une première étude sur l’efficacité de la chloroquine sur les coronavirus et là ça vient de sortir ! C’est efficace sur les coronavirus et là ça vient de sortir ! C’est efficace sur les coronavirus avec 500 mg de chloroquine par jour pendant dix jours. Il y a une amélioration spectaculaire pendant dix jours. Il y a une amélioration spectaculaire et c’est recommandé pour tous les cas cliniquement positifs à l’infection au coronavirus chinois donc c’est une excellente nouvelle. C’est probablement l’infection respiratoire la plus facile à traiter de toutes et donc c’est pas la peine de s’exciter. Il faut travailler ! C’est pas la peine de promettre es vaccins dans dix ans, il faut travailler, voit les molécules potentiellement actives, et qui sont immédiatement disponibles sur le marché. » Le 16 mars, Didier Raoult présente les premiers résultats positifs de son traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine. Le 18 mars, l’HCQ est ajoutée in extremis à l’essai français Discovery, qui teste également le remdesivir et le lopinavir/ritavir avec ou sans interféron. Le 23 mars, le ministre de la Santé Olivier Véran annonce qu’il autorise l’usage de l’hydroxychloroquine hors AMM pour la Covid-19 dans ses « formes graves, hospitalières, sur décision collégiale des médecins et sous surveillance stricte », c’est-à-dire dans la phase de la maladie où le traitement n’a plus d’utilité selon le protocole Raoult. Le 26 mars, Le décret autorisant la prescription d’hydroxychloroquine est modifié pour préciser qu’il est « autorisé d’administrer cette molécule contre le Covid 19 à l’hôpital uniquement, et seulement aux cas graves », autrement dit dans la phase finale de la maladie, quand les antiviraux n’ont notoirement plus le moindre effet. L’avis encadrant absurdement la prescription de l’hydroxychloroquine a été rendu par le Haut conseil de santé publique (HCSP). Or, informe le professeur Perronne, « un membre éminent de la commission Maladies transmissibles de ce HCSP a touché 90 742 euros de l’industrie pharmaceutique, dont 16 563 euros de Gilead. » (p. 65) Les médecins de ville sont tenus à l’écart et n’ont pas le droit de prescrire de l’hydroxychloroquine. Le 26 mars (même jour), Didier Raoult s’indigne, à propos de l’essai Discovery : « Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament ». Le 28 mars, lors de la conférence de presse à laquelle participe Karine Lacombe,le Premier ministre Édouard Philippe déclare : « Il n’existe hélas aucun traitement qui ait fait ses preuves en France et dans le monde ».)), suite à la publication dans la prestigieuse revue médicale The Lancet d’une étude établissant la nocivité de l’hydroxychloroquine dans le cadre du traitement de la Covid-19. La revue rétractera cet article le 2 juin, ladite étude se révélant une fraude monumentale et l’un des plus gros scandales scientifiques de ces dernières décennies (( Philippe Douste-Blazy (Maladie française, p. 139) : « The Lancet est considéré comme une sorte de bible.La plupart des médecins rêvent d’y être publiés. Signer une étude dans ses pages signifier être reconnu par ses pairs. (…) En fin de compte, cela restera l’un des plus grands sandales de tous les temps dans le domaine scientifique médical. Je trouverais personnellement très grave de ne pas en rechercher les causes. » Jérôme Marty (Le scandale des soignants contaminés, p. 119) : « L’épisode suivant laissera des traces sans doute indélébiles dans la communauté scientifique ainsi qu’au sein de la population. Le vendredi 22 mai, une étude retentissante est publiées dans la célèbre revue The Lancet. Elle porte sur 96 000 patients soignés dans 671 hôpitaux à travers le monde. Enfin, on pourrait croire que l’on va savoir. Que dit cette étude ? Elle conclut que l’HCQ est dangereuse !! Pas de raison de douter de ses conclusions : la revue est très prestigieuse et l’étude a été menée par un professeur de médecine d’Harvard… L’étude semble irréfutable à Olivier Véran qui réagit dans l’urgence et saisit le Haut Conseil de la santé publique pour qu’il édicte de nouvelle règles de prescription. Les responsables de l’étude européenne Discovery, qui teste plusieurs traitements depuis de longues semaines, enlèvent aussitôt l’HCQ de la cohorte des traitements étudiés.. Problème, très gros problème : l’étude du Lancet est fausse et la « bronca » est mondiale chez les chercheurs… « Étude foireuse », dira le professeur Raoult… Laquelle sera officiellement retirée le jeudi 4 juin. Mais le mal est fait et la bataille d’Hernani peut reprendre de plus belle. »)). Autres repères chronologiques : le déconfinement a commencé le 18 mai, et la grande manifestation de black lives matter aura lieu le 18 juin, au mépris des règles de distanciation et au nom de « l’émotion légitime » (Christophe Castaner).

A propos des conflits d’intérêt dont elle est accusée (le nom de « Gilead » n’est même pas prononcé par Bourdin) elle explique : « C’est évident qu’il faut avoir des relations, mais il faut que ces relations soit transparentes, il faut qu’elles soient encadrées, de façon à ce que ce ne soit pas de la corruption, très important ! Il y a une énorme différence entre avoir des liens d’intérêt, que ça se passe en toute transparence avec des lois, qui encadrent extrêmement bien les choses, et la corruption, où on touche de l’argent en sous-main pour faciliter par exemple… alors maintenant est-ce-que ça existe encore ? Je pense qu’avec toutes les règles qui ont été édictées, par les lois, le Conseil de l’ordre, les employeurs des médecins… probablement il y a longtemps, avant que j’exerce dans le milieu, ça a probablement existé, c’est pour ça justement que ces lois de transparence existent, mais maintenant il est absolument impossible de cacher les liens d’intérêt que l’on peut avoir, et c’est très bien comme ça »

Le professeur Raoult publie le 6 juin un article scientifique dans lequel il démontre qu’il y a une corrélation entre l’opinion défavorable pour l’hydroxychloroquine et la somme reçue de la part de Gilead par les membres du CMIT. Gilead a versé pendant 7 ans depuis 2013 au total 678 527 euros aux membres du CMIT (qui compte une centaine), en moyenne 6924 euros par docteur. En additionnant tous les grands laboratoires donataires, on obtient la somme totale de 4 603 098 euros. Seuls 13 docteurs sur 98 n’ont rien touché de Gilead. Parmi ces 13, 7 sont très favorables à la HDQ, 1 favorable, 1 neutre, les 4 restants sans position. Parmi les 13 ayant touché le plus d’argent, 6 sont très défavorables, 1 défavorable, 3 neutres, et 3 sans position. Les 6 « très défavorables » ont touché en moyenne environ 25 000 euros de Gilead, et 140 000 euros en additionnant tous les labos. Qu’en est-il de Karine Lacombe ?

Chaque Français doit savoir qu’il peut connaître les liens d’intérêt ou conflits d’intérêt éventuels de son médecin en consultant la « base transparence santé » du ministère des affaires sociales et de la santé. Si vous allez dans la catégories « bénéficiaire » en haut de la page d’accueil de la base de données, et que, vous entrez « Karine Lacombe », vous tombez sur « 0 résultat(s) ». Si sur cette page immaculée vous allez dans « recherche avancée », vous faites également chou blanc. En revanche, si vous allez directement dans l’onglet « recherche avancée » de la page d’accueil, allez au bas de la page qui s’ouvre à la catégorie « bénéficiaire ». Sélectionnez « RPPS » dans « type d’identifiant », et entrez le code d’identification du médecin, en l’occurrence : « 10001466357 » : là, magie de la transparence ! – même si le processus n’est pas très intuitif – vous tombez sur 23 pages énumérant 426 avantages perçus depuis 2015 par « Karine Lacombe » de la part d’Abbvie, Gilead, ViLV, Heathcare SAS, MSD France, Janssen Corporate, Live ! By JL Events, Bristol Myerrs Squib. Il s’agit certes en grande parties de « repas », d’« hébergement » et de « transport », mais les sommes indiquées montrent qu’on est très, très loin du vélib, du restau U et de la tente Quechua ! La somme des 20 avantages de la première page : 3900 euros, donne une idée des montants. En multipliant par 23, on atteint 80 000 euros sur 5 ans, et il ne s’agit là que des avantages autodéclarés ou déclarés par les entreprises de santé. Si ce ne sont là que des « liens d’intérêt », et non des « conflits d’intérêt », on est droit tout de même d’imaginer que toutes ces notes de frais doivent mettre de bonne humeur, et permettre de remplir de beaux albums photos à feuilleter avec tendresse et nostalgie dans ses vieux jours, dans la résidence secondaire qu’on a pu acheter grâce à cette manne ! Si un jour vous avez un doute sur l’efficacité d’un médicament qu’un professionnel de la santé vous prescrit avec assurance et enthousiasme et dont l’effet est de vous faire sentir bizarre ou plus mal encore que vous étiez auparavant, rentrez les dix chiffres du RPPS du praticien dans la base de données et vous pourriez avoir des surprises, en même temps que des explications…

A propos de l’éventuelle toxicité de l’hydroxychloroquine elle est catégorique : « Maintenant je pense qu’en termes de sécurité d’emploi, dès le début tous les médecins qui utilisent de la chloroquine ont émis un signal d’alerte, en disant « ce n’est pas un médicament anodin, comme tous les médicaments, les médicaments ont des effets secondaires », il faut tout le temps, quand on utilise un médicament, faire la balance entre le bénéfice et le risque. Le problème avec la chloroquine, c’est que jusqu’à présent on n’avait pas montré de bénéfice, c’est qu’il fallait montrer en conditions qu’il y a un bénéfice à prendre de la chloroquine. En revanche quand c’est un médicament qui est utilisé depuis longtemps, on connaissait parfaitement les risques d’utilisation de ce médicament, et donc quand le risque devient plus important que le bénéfice, évidemment quand on est médecin il y a un adage qui est extrêmement important à suivre, c’est « primum non nocere », c’est-à-dire qu’on ne doit pas causer de tort, en tout premier, en tout premier c’est ne pas causer de tort ! »

Comme le montre l’article du Professeur Raoult précité, l’expression englobante « tous les médecins » est mensongère. Quand elle compare antithétiquement l’HCQ à « un médicament utilisé depuis longtemps dont on connaît parfaitement les risques », elle ment encore puisque l’HCQ, dérivé de la nivaquine, est utilisée et a été prescrite depuis 60 ans à des milliards de personnes sur tous les continents comme antipaludéen et médicament contre les rhumatismes, et était en vente libre en France sous le nom de Plaquenil jusqu’à sa mystérieuse inscription le 13 janvier 2020 au rang des « substances vénéneuses », suite à un arrêt d’interdiction signé par « M. Covid » Jérôme Salomon, le Directeur Général de la Santé. Concernant le risque supposé de l’HCQ, rapportons cet épisode : le 30 mars, Martine Wonner, médecin membre du collectif « Covid-19, laissons les médecins prescrire », députée du Bas-Rhin, adresse une demande officielle à Monsieur Dominique Martin, directeur général de l’ANSM et à Madame Christelle Carbonnell, directrice générale adjointe pour obtenir les données de pharmacovigilance du PLAQUENIL®. Après deux relances et une absence de réponse au motif que les « services n’ont pas le temps de travailler sur le sujet en ce moment », M. Martin communique le 9 avril les données demandées : sur 3 863 852 boîtes de 30 comprimés à 200 mg (Total : 115 915 560 comprimés), seuls deux décès sont à déplorer, dont l’un par suicide, l’autre des suites d’une intoxication polymédicamenteuse. 312 effets indésirables ont été constatés chez des personnes prenant du Plaquenil dans le cadre de traitements antirhumatismaux au long cours. Mais pour la Covid-19, la durée du traitement ne dure que 7 à 10 jours… L’innocuité de l’hydroxychloroquine était donc écrite noir sur blanc et connue en haut lieu dès le début de l’épidémie. Troisième mensonge, donc de Karine Lacombe, qui vu sa position ne peut ignorer des données aussi cruciales et facilement accessibles.

Si l’on ajoute à tout cela l’usage du latin, nom de Molière ! On est furieusement chatouillé de citer en miroir Sganarelle dans Le médecin malgré lui : « Pour revenir, donc, à notre raisonnement, je tiens que cet empêchement de l’action de sa langue, est causé par de certaines qu’entre nous autres, savants, nous appelons peccantes, peccantes, c’est-à-dire… humeurs peccantes : d’autant que les vapeurs formées par les exhalaisons des influences qui s’élèvent dans la région des maladies, venant… pour ainsi dire… à… Entendez-vous le latin ? (…) Cabricias arci thuram, catalamus, singulariter, nominativo hæc Musa, « la Muse », bonus, bona, bonum, Deus sanctus, estne oratio latinas ? Etiam, « oui », Quare, « pourquoi ? » Quia substantivo et adjectivum concordat in generi, numerum, et casus. (…) Or ces vapeurs, dont je vous parle, venant à passer du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur, il se trouve que le poumon que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave, que nous appelons en hébreu cubile, rencontre, en son chemin, lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; (…) »

Alors que l’entretien touche à son terme, Bourdin lui donne le dernier mot après l’avoir gentiment caressée : « Vous êtes une voix, vous êtes très écoutée Karine Lacombe… » Un peu électrisée, elle dit retenir « une aventure humaine exceptionnelle, avec une cohésion à l’hôpital qu’on n’avait pas connue depuis longtemps, un changement radical de métier, la mise en avant de la force du travailler ensemble (sic), de la force de, de, de, de l’humilité de toutes les équipes qui ont fait face, de cette transformation de chacun, en fait, au contact des patients, des situations douloureuses que l’on a traversées, et oui je dirais ça, la bienveillance avec laquelle on a travaillé, la grande humilité. Je pense que c’est une grande leçon d’humanité. »

C’est surtout une magnifique leçon de mensonge, ou plutôt de charlatanisme, et l’on est soudain pris de curiosité de savoir si l’enthousiasme qu’elle affiche pour cette « aventure humaine exceptionnelle », qui a mis en avant « la force du travailler ensemble » est partagé par le service des urgences de l’hôpital Saint-Antoine, dont est parti le vaste mouvement national de grève des services d’urgence le 18 mars 2019, visant à dénoncer les conditions de plus en plus effroyables dans lesquels y travaillent les personnels de santé, que sans doute aucun « avantage » ne vient adoucir.

9 novembre – Second passage sur BFM TV chez Jean-Jacques Bourdin

Le 9 novembre, Karine Lacombe est de nouveau interviouvée par Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV. Contexte : le 28 octobre, le président Macron a annoncé un reconfinement national jusqu’au 1er décembre. Comme lors du premier épisode de mars à mai 2020, les Français ne peuvent sortir que pour aller travailler, se rendre à un rendez-vous médical, faire leurs courses essentielles, ou prendre l’air à proximité de chez eux. Toutefois, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et le secteur périscolaire restent ouverts. A l’université et dans les établissements d’enseignement supérieur, tous les cours magistraux et les travaux dirigés doivent se faire à distance. Le port du masque obligatoire est étendu jusqu’aux enfants de 6 ans. Le maire du Palais fait également cette prophétie terrifiante, que nous avons citée en exergue de cette seconde partie : « Nous pourrions, certains le préconisent, ne rien faire, et assumer de laisser le virus circuler. C’est ce qu’on appelle la recherche de l’immunité collective, c’est-à-dire lorsque 50, 60 % de la population a été contaminée. Le conseil scientifique a évalué les conséquences d’une telle option, elles sont implacables : à très court terme, cela signifie le tri entre les patients à l’hôpital, et d’ici quelques mois c’est au moins 400 000 morts supplémentaires à déplorer. Jamais la France n’acceptera cette option. » 400 000 morts… Diantre… et 4 millions pour la troisième vague ? Allez, qui dit mieux ?

Bourdin interroge notamment sa collaboratrice sur le bien-fondé du port du masque obligatoire dès 6 ans, en lui rappelant qu’elle vient récemment de co-signer une pétition en faveur de cette mesure : « Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une mesure prise séparément ne fait pas tout. C’est vraiment la succession de toutes ces mesures que l’on prend dans ce sens, c’est ce qu’on appelle la stratégie de l’emmenthal, c’est toutes ces mesures prises ensemble qui vont permettre d’agir, de diminuer la dynamique – on bouche les trous – Donc le fait de faire porter les masques à partir de l’âge de six ans est un de ces éléments. Évidemment la transmission de l’enfant à l’adulte n’est probablement pas le mode de transmission prépondérant. En revanche il représente une petite partie de cette transmission, et actuellement le virus circule de façon extrêmement active au sein de la population, donc on doit agir sur tous les paramètres sur lesquels on peut avoir… la raison pour laquelle certains ont demandé à ce que les enfants portent le masque à la maison, les enfants et les adultes, c’est parce qu’une des grandes sources de contamination actuellement c’est au sein de la famille… c’étaient les derniers bastions… »

Il y avait consensus pendant toute la première phase de l’épidémie pour dire que les adolescents et les enfants ne présentaient aucun risque, pour eux-mêmes comme pour les autres (ce que du reste elle reconnaît à demi mots dans sa réponse), l’écrasante majorité des décès et des hospitalisations concernant les jeunes vieillards de plus de 80 ans déjà affaiblis par d’autres maladies et problèmes de santé (le facteur de la comorbidité). Ce consensus empirique a été confirmé par une étude publiée le 4 juin par l’Association française de pédiatrie ambulatoire. « Les enfants semblent moins contaminés et moins contaminants », souligne le professeur Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’hôpital intercommunal de Créteil, qui a coordonné la recherche. « Au début de la crise, on a cru – comme pour d’autres virus respiratoires – qu’ils jouaient un rôle important dans la propagation de l’épidémie. Ce n’est pas le cas. Les évidences s’accumulent. »/ « Déjà, essayez de trouver des clusters avec comme point de départ des enfants. C’est moins d’un sur dix ! Ensuite, lorsqu’on identifie une personne contaminée et que l’on teste ses proches, on se rend compte que les enfants sont deux à cinq fois moins porteurs du virus que les adultes. Avant 15 ans, on ne voit rien, ou presque. Pendant cette épidémie, on a adoré se faire peur. Aujourd’hui, on sait que la population d’enfants est moins contaminante que celle des adultes. » Cette nouvelle mesure, du reste n’a pas été prise dans le cadre de la « stratégie de l’emmenthal » (!), pour reprendre l’expression crémière de Karine Lacombe. Voici les faits dans toute leur affligeante nudité : le 26 octobre, dans une « note », le conseil scientifique recommande le port du masque dès l’âge de 6 ans, en expliquant : « Le port du masque dès l’âge de 6 ans, comme préconisé en Espagne, l’Italie, ou Allemagne, lequel pourrait être d’autant plus encouragé que le masque est par ailleurs porté et que les enfants ont d’importantes capacités d’adaptation. » En bref : on a des copains qui font pareil et les enfants sont plus obéissants et malléables ! Le 29 octobre : Jean François Delfraissy, président du conseil scientifique explique sur France inter : « Il y a une question qui est posée autour du port du masque chez les plus jeunes. J’ai moi-même posé la question à mon petit-fils de 6-7 ans pour regarder avec lui s’il était capable de porter un masque. Il m’a dit : « Oui Daddy, je pense que c’est possible. » Donc on va regarder ce qui se passe. » Et c’est tout ! Rien d’autre ! Voilà comment cette mesure perverse a été prise ! en dehors de toute base scientifique sérieuse, et en contradiction avec tout ce qui avait été expliqué pendant des mois. On pense encore à une scène du Médecin malgré lui : comme dans son galimatias, Sganarelle a expliqué à Géronte que le cœur était placé à droite et le foie à gauche, ce dernier lui objecte : « On ne peut pas mieux raisonner sans doute. Il n’y a qu’une seule chose qui m’a choqué. C’est l’endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu’ils ne sont. Que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit. » A quoi Sganarelle répartit avec aplomb : « Oui, cela était, autrefois, ainsi ; mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle. »

S’emmêlant dans les contradictions, le professeur Lacombe affirme plus loin : « C’est une idée reçue que ceux qui sont les plus âgés qui peuvent contracter le virus et en mourir, on voit actuellement que la moyenne d’âge dans les hôpitaux est beaucoup plus basse que ce qu’on a vu en mars avril… très régulièrement dans mon service on a des jeunes de trente quarante ans, donc on voit bien qu’en confinant les personnes âgées, on va les aider eux, mais on a une grande partie de la population qui peut contracter la maladie, en être malade, et être aux urgences… être en réanimation pardon… » Et comme Bourdin lui objecte que la moyenne d’âge des personnes décédées est de 81 ans, et qu’il n’y a presque aucun mort en-dessous de 30 ans, imperturbablement elle répond « absolument !… ceux qui ont 40 ans peuvent rester 3 semaines à l’hôpital et survivre, contrairement aux plus de 80 ans. » confirmant donc 20 secondes plus tard l’« idée reçue » contre laquelle elle s’élevait !

22 novembre – Grande interviou dans le Monde par Annick Cojean

Plus facile d’aller à la « fight » quand on est le chouchou, pardon la chouchoute, de tous les médias…

Je clos ce portrait de la Diafoira Karine Lacombe en traitant un papier qui tombe sous mes yeux au moment-même où j’écris ces lignes : il s’agit d’une grande interviou pleine page par Annick Cojean pour le Monde du 22 novembre. Une citation de l’intéressée fait office de titre : « Karine Lacombe : La vie c’est la fight ! » L’usage de l’anglais, avatar moderne du latin, aux endroits qui comptent, est l’un des signes distinctifs du charlatan moderne (( On pense ici très fort aux kapos charlatans comme Rudy Reichstadt et son site de délation anticomplotiste Conspiracy Watch, Tristan Mendès France et son opération Stop hate money, qui vise à « assécher la haine en ligne », traduction : « couper de toute ressource financière les lanceurs d’alerte », ou encore à la rubrique checknews du quotidien Libération, à l’opération anticomplotiste Conspi Hunter du bras cassé Thomas Huchon, au slogan « NOT AFRAID » brandi par certains manifestants le soir du 7 janvier 2015. On peut penser aussi à metoo, black lives matter, free pussy riots, journée We Change, etc. C’est encore en anglais que les femens aiment à peinturlurer leurs corps de slogans obscènes, androphobes, et blasphématoires: « justice fucks me », « stop feminicide », « in gay we trust », « war is peace, freedom is slavery, ignorance is strength », « women’s spring is coming », « Times up from Holywood to Tehran », « go rape yourself », « suck dick of patriarchy », « le Pen stop fascist », « fuck church », « I am Veil generation », « women of the world, time to rebel », « women’s vendetta », « female revenges », « come back bomber Harris ». )). Le sous-titre fait la promotion de la BD que vient de faire paraître l’intéressée racontant son quotidien de cheffe de service à l’hôpital Saint Antoine à Paris, poste auquel elle a été nommée voici un an et demi auparavant, dont le titre est La médecin (sic). Le chef-d’œuvre bénéficie évidemment en même temps d’une promotion éhontée dans tous les médias.

a) « Ce métier me porte, me nourrit, m’enthousiasme, m’envahit. Trop, disent mes enfants, mais comment faire ? C’est un sacerdoce. Et la pandémie a donné un sens à tout ce que j’avais parcouru – études, rencontres, expériences, sacrifices d’ordre privé parfois douloureux – n’avait eu d’autre objet que de me préparer à cela. Cela peut paraître prétentieux, je vous assure que cela ne l’est pas : à tout juste 50 ans, j’ai l’impression d’être parfaitement à ma place. »

Un « sacerdoce » ? Diable ! L’austérité qui s’attache à cette notion n’empêche pas, on l’a vu, le goût des bons repas, des beaux hôtels, et des voyages au loin payés à l’œil, comme l’explique Tartuffe à Elmire (Acte III, scène 3) :

L’amour qui nous attache aux beautés éternelles

N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles.

Si Karine Lacombe se sent « parfaitement à sa place », ce n’est pas en raison de la qualité et de la quantité de sa production scientifique. Là où le Professeur Raoult apparaît sur le site Expertscape, dans le domaine des maladies infectieuses, en première position dans le monde entier pour les dix dernières années de 2010 à 2020, sur 85 500 auteurs publiés, le nom de Karine Lacombe n’y apparaît même pas ! Il est vrai que plus loin dans l’entretien elle explique : « L’infectiologie est venue plus tard, sous l’influence de mon goût des voyages et mon envie d’aider les plus vulnérables, que personne ne regarde : pauvres, émigrés, drogués, travailleurs du sexe, prisonniers. » Le haut rang qu’elle occupe sur le site transparencesanté.gouv, pour les avantages obtenus, où le Professeur Raoult n’apparaît pas, même en entrant son matricule dans la porte invisible, est un élément d’explication beaucoup plus convaincant.

b) « Toutes les femmes connaissent ça. Et quand elles parviennent à surmonter leurs doutes pour accepter une invitation sur les plateaux télé, elles se prennent en boomerang les sarcasmes de collègues machistes qui les renvoient à leurs malades ou à leurs foyers. »

En moderne Tartuffe, Karine Lacombe a parfaitement compris l’air du temps, et toute la mansuétude de principe dont elle bénéficierait si elle surfait sur la vague de « metoo ».

c) « Il y avait la peur pour nos proches – ma mère venue garder ma fille a rapporté le Covid dans notre village de Savoie et a contaminé mon père. Et il y avait l’excitation de l’infectiologue devant une pandémie capable de bouleverser nos vies mais d’engendrer aussi des progrès majeurs sur le champ médical. Voyez ce qui se passe pour ce vaccin ARN qu’on n’attendait pas avant plusieurs années. C’est juste inouï. »

Où l’on apprend que Karine Lacombe a contribué, à son petit niveau, à diffuser la Covid en étant directement à l’origine d’un foyer épidémique en Haute-Savoie ! Quant au vaccin, elle en parle avec autant d’enthousiasme et de naïveté que les adeptes de la secte de l’aiguille philosophale. Il est vrai qu’elle en prophétisait l’avènement, avec une justesse a posteriori saisissante, dès le 29 mars, sur le plateau du JT de 20 heures de TF1 : « On est… eu… optimiste, raisonnablement optimiste, d’y arriver raisonnablement vite (…) probablement, avant… on espère… d’ici l’année prochaine, plusieurs mois. c’est-à-dire que le vaccin ne va pas permettre de contenir l’épidémie actuelle. Le vaccin c’est pour plus tard (…) parce qu’il est très probable que c’est un virus qui va se mettre à circuler et auquel on sera confronté les années à venir. » Étonnant, non ?

d)  « je considère que cela fait partie de la pédagogie de mon travail de venir faire de la pédagogie à l’antenne. Et la quasi absence de femmes sur la scène médiatique et scientifique pendant la pandémie m’oblige , pour toutes les autres, à garder cet espace de parole et aller au charbon. Je vous l’ai dit ; la vie c’est la fight ! Mais quelle violence parfois ! Ma franchise à l’antenne m’a valu des attaques comme je n’en avais jamais vécues en 20 ans de carrière scientifique. J’ai surtout payé très cher mes remarques sur la fable de l’hydroxychloroquine et mon indignation devant l’ego phénoménal du professeur Raoult, qui s’est présenté comme une sorte de démiurge, annonçant aux gens qu’il allait les sauver avec ses comprimés miracle. C’était hallucinant, à la fois sur les plans éthique, scientifique, et moral. En quelques heures j’ai reçu des tombereaux d’insultes et de menaces de mort. Mon compte Twitter a été pris d’assaut par des messages de haine tandis que les infirmières et secrétaires de mon service ont croulé sous les appels immondes. La preuve que les supporteurs de l’équipe marseillaise sont structurés et puissants. Mais voyez, la raison a fini par l’emporter sur la pensée magique et les études montrent aujourd’hui que cette équipe s’est trompée de A à Z. »

Tête-bleue ! quelle perle extraordinaire que celle-là ! #Touchepasàmascientifiquefemme + inversion accusatoire (( C’est le parti qui la soutient à bout de bras qui est structuré et puissant, c’est elle et son parti qui sont dans la « pensée magique », c’est elle qui parle du vaccin à venir comme d’un remède miracle, c’est l’histoire du remdesivir qui est une « fable »)) d’école contre le professeur Raoult. Avec de telles prises de position, comment s’étonner que ce dernier, de guerre lasse, ait finalement décidé de porter plainte en diffamation contre ce vénéneux champignon médiatique à la fin du mois de juillet 2020 ? Est-il besoin de préciser que l’interviouveuse, Annick Cojean, ne lui pose aucune question gênante, en particulier sur ses liens d’intérêt avec Gilead (entre autres), le fabriquant du remdesivir qui vient d’être déconseillé le 8 novembre par l’OMS ? et précisément pour les motifs avancés par le professeur Raoult – aucune question en particulier sur ce médicament alors que Bourdin l’avait sondée à ce sujet à l’époque où il avait encore le vent en poupe. La journaliste du Monde ne manifeste pas non plus la moindre curiosité pour comprendre les ressorts de la haine qui vient déformer ses traits poupins chaque fois que le mot plein de lettres rares, et rentables au scrabble, « hydroxychloroquine », est prononcé devant elle ou lui vient à la bouche.

A suivre…

François Belliot, 9 décembre 2020

Une réponse sur “La Covid-19 au prisme de Molière (2/3)”

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