Ma « notice d’information » Conspiracy Watch est une fraude

Introduction

Nota Bene : pour ce que j’ai pu en juger, la présente démystification peut être dupliquée à la majorité des 600 « notices d’informations » de Conspiracy Watch

Avec un peu de retard, je me rends compte que Rudy Reichstadt s’est enfin décidé, en novembre 2023, à me consacrer sur son site Conspiracy Watch une de ses fameuses « notices d’information », dont l’objet est d’exposer au grand public les méfaits et la dangerosité de ceux qu’il appelle les « complotistes » ou les « conspirationnistes ». Il en a ainsi sommairement expliqué le principe lors de son audition devant la commission d’enquête sénatoriale chargée de faire la lumière sur le scandale du fonds Marianne, dans lequel il s’est trouvé mouillé pour en avoir été arrosé en avril 2021 à hauteur de 60 000 euros, cette subvention du Comité Interministériel de Prévention de la Délinquance et de la Radicalisation (CIPDR) étant depuis renouvelée tous les ans : « L’objectif est que lorsque des gens recherchent des termes liés à la culture complotiste tels que « nouvel ordre mondial », « great reset » ou « État profond », ainsi que des noms de médias complotistes notoires, ils trouvent d’abord des contenus produits par notre rédaction. Dans cette optique, nous produisons des notices d’information très documentées, sourcées et informées, qui sont régulièrement mises à jour et que nous poussons via des coupons publicitaires mis à notre disposition – notre association étant à but non lucratif –, dans le cadre du programme Google Ad Grants. » Il n’a pas précisé que la plupart des notices produites ne concernaient pas seulement des « termes liés à la culture complotiste », mais pour l’essentiel des individus comme moi, qu’il exposait ainsi à la vindicte dans le cadre d’articles biographiques tout sauf « très documentés, sourcés et informés », mais indéniablement empreints de malveillance. On a au moins pu comprendre, même si ce n’était pas clairement expliqué, qu’il avait employé l’argent du fonds Marianne non pas à un projet destiné aux 12-25 ans1, visant à lutter contre la propagande djihadiste en ligne sur la toile, en réponse à l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty le 20 octobre 2020, mais à maximiser l’efficacité de la campagne de délation à laquelle il participe depuis des années contre ceux qu’il considère comme des ennemis politiques et idéologiques, et à l’égard desquels il considère que tous les procédés rhétoriques les plus pervers – dans les limites apparentes de la loi – sont permis.

Rudy Reichstadt, lors de son audition éclair et très complaisante devant la commission d’enquête sénatoriale chargée de faire la lumière sur le scandale du fonds Marianne, le 30 mai 2023. A partir de 21 min 50, il explique la nature du projet « Riposte » financé par le fonds Marianne.

Je ne m’attendais certes pas à ce que dans ma notice il me jette des fleurs puisque de fait nous sommes en guerre2, mais cela n’empêche pas de demeurer dans les bornes de la décence, de l’honneur et surtout de l’honnêteté intellectuelle. Si l’ouvrage que je lui ai consacré à l’automne 2021, L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt, a incontestablement par endroit les apparences et le ton du pamphlet, tous les faits biographiques le concernant y sont rapportés de façon équilibrée, précise et exhaustive. Il ne s’agit en aucun cas d’un « crachat diffamatoire », comme il a pu l’écrire mensongèrement dans son geignard opuscule publié chez Grasset en mars 2023, Au cœur du complot. Je n’ai pas outrageusement grossi des détails insignifiants, passé sous silence des pans entiers de carrière qui ne m’arrangeaient pas, abusivement tronqué des citations, multiplié les amalgames et procès d’intention gratuits : si le portrait que j’y brosse de lui ressemble à une caricature improbable, la faute en revient non au peintre, mais au modèle, qui se trouve être une caricature vivante.

L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt

L’une des critiques récurrentes que Reichstadt formule à l’égard des « complotistes », est que leurs textes comportent tellement de mensonges et erreurs factuelles qu’il est extrêmement coûteux en terme de travail et de temps de se mettre en peine de les démystifier. Il a écrit par exemple dans son Opium des imbéciles, publié chez Grasset en 2019 : « Quant aux exagérations, aux boniments, aux mensonges, aux spéculations oiseuses et aux contrevérités dont les complotistes truffent leurs propos, ils représentent aujourd’hui pour leurs auteurs un coût à peu près nul. Celui de leur réfutation scrupuleuse critique en revanche qui implique un investissement intellectuel souvent lourd et ingrat, est particulièrement élevé. » (p.160) ; et plus récemment, en 2023, dans Au cœur du complot : « Plus que l’intimidation ou la terreur, ce qui est recherché, c’est la paralysie de notre action. Dans cette battue, il est impératif de prendre de court l’adversaire. En quelques jours, ce sont des heures et des heures cumulées de vidéos qui sont mises en ligne frénétiquement. L’effet est de noyer l’accusé sous une avalanche de contenus diffamatoires auxquels il est presque impossible de répondre de manière complète dans un laps de temps limité. On remobilise ainsi la base de ses suiveurs tout en appliquant concrètement cette « loi de Brandolini » qui veut que la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter de fausses allégations soit significativement supérieure à celle mobilisée pour les répandre. (…) Dresser une recension exhaustive des offenses qui nous sont faites nous occuperait à plein temps, nous détournerait du travail d’analyse qui nous vaut une si féroce sollicitude. Perdre du temps à les répertorier serait en quelque sorte accomplir la volonté de nos diffamateurs. Toutes les ressources et l’énergie mises dans la construction de sa propre défense sont des ressources et de l’énergie qui ne sont pas investies ailleurs. » (p.63)

Comme souvent, avec Rudy Reichstadt, il s’agit là d’une inversion accusatoire. C’est-à-dire qu’il prête à ses ennemis les vices, tares et travers qui sont, en fait, les siens et de ceux de ses frères et alliés. C’est facile dans le sens où quand il porte ce genre d’accusation contre les « complotistes » – il l’a fait par ailleurs à d’innombrables reprises lors de ses intervious écrits ou audiovisuels – il ne donne jamais les noms de ceux qui s’y adonneraient, en s’appuyant par exemple sur des extraits d’auteurs ayant déjà beaucoup écrit et publié. Comme toujours, en partie pour s’éviter la peine de les analyser, en partie afin d’éviter les poursuites judiciaires, il prête cette tactique à l’ensemble des « complotistes », sans opérer la moindre distinction ni entrer dans le moindre détail. Pour les besoins de cette étude, j’ai jugé utile d’effectuer un rapide survol des quelques 600 notices d’information produites à ce jour, concernant soit des grands « thèmes complotistes », soit des « médias complotistes », soit des « personnalités complotistes », financées par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (la FMS, son premier mécène depuis 2017), le CIPDR et le fonds Marianne, qui sont en fait des fiches de « délation » d’apparence encyclopédique dans lesquels, sous le sceau de l’anonymat, lui et ses frères brossent des portraits infamants de multiples chercheurs, militants et lanceurs d’alerte. Je me suis rendu compte sans surprise qu’un grand nombre d’entre elles visaient des intellectuels courageux et d’excellent niveau que je connais personnellement, dont j’ai lu les articles ou ouvrages, dont je suis le parcours, ou dont j’ai visionné ou écouté des interventions sur la toile ou ailleurs. Je ne vais pas en donner ici toute la liste, qui serait immense et rébarbative. Qu’on soit d’accord, tout ou partie, avec les thèses défendues ou les combats portés par ces personnalités et médias n’entre pas ici en ligne de compte. J’atteste au moins que dans leur immense majorité, aucun ne mérite l’accusation générale portée par Rudy Reichstadt contre les « complotistes » de noyer délibérément le lecteur sous les faits trafiqués et les faux arguments afin de rendre toute réfutation extraordinairement chronophage.

Un des traits presque immuable de ces « notices de personnalité », qui entrent dans la catégorie générale des « notices d’informations », est que les premières lignes du 1er paragraphe, associent la personnalité, l’organisation, le media, ou le parti politique à l’un des adjectifs suivants, au choix : « antisémite », « négationniste », « conspirationniste », « d’extrême-droite », mais surtout « conspirationniste », ou son quasi synonyme « complotiste », dont le nombre d’occurrence est d’assez loin le plus élevé.

Cela peut donner par exemple (c’est nous qui surlignons) :

– Animateur depuis 2011 de Les-non-alignés.fr, un site conspirationniste évoluant dans la mouvance soralo-dieudonniste, Pierre-Antoine Plaquevent est surtout connu pour son livre Soros et la société ouverte. Métapolitique du globalisme

– Ancienne avocate fiscaliste et titulaire d’un doctorat en droit, Valérie Bugault (1970 -) évolue dans la mouvance conspirationniste dite de la « Dissidence ».

– Jean-Dominique Michel est une personnalité évoluant dans la mouvance conspirationniste francophone.

– Silvia Cattori est une blogueuse et militante antisioniste suisse évoluant dans la sphère conspirationniste francophone.

– Étienne Chouard (1956 -) est l’un des plus célèbres influenceurs de la complosphère francophone.

– Jean-Michel Vernochet (1947 -) est un conférencier et un auteur évoluant dans la mouvance conspirationniste dite de la « Dissidence ».

Et quand il n’apparaît pas dans les premières lignes il est inévitable qu’il apparaisse un peu plus loin, en même temps que d’autres piques injurieuses et diffamatoires destinés à brosser un portrait au caca fumant, l’objectif étant d’instiller d’emblée dans l’esprit des lecteurs un préjugé défavorable rédhibitoire. A l’intention de beaucoup de gens qui n’ont pas conscience du caractère péjoratif et en fait injurieux du terme, et qui l’utilisent lapidairement eux-mêmes à l’occasion sans y penser, comme s’il s’agissait d’un terme technique, il me semble de bonne pédagogie de proposer un échantillon de citations extraites des deux ouvrages de Rudy Reichstadt, L’opium des imbéciles (2019), et Au cœur du complot (2023), dans lesquels il laisse éclater sa haine de structure raciste envers les « complotistes ». Dans les cinquante premières pages du premier, en particulier, on relève pas moins de deux saillies de ce genre par page. Qui est-ce qui qui « crache » et « diffame » ? La liste qui suit est très loin d’être exhaustive :

1) Dans L’opium des imbéciles: « le complotisme, cette crédulité bêlante qui se prend pour de l’indépendance » (p.12)/ « l’imposture complotiste est une opération de falsification du réel menée au nom de la vérité. C’est une entreprise charlatanesque de subversion de la Liberté travestie en projet d’émancipation. » (p.12)/ « le complotisme a partie liée avec nos passions tristes : égocentrisme, misanthropie, paresse, lâcheté, peur, jalousie, ressentiment. » (p.17)/ « Le complotisme est une drogue dure. Le complotisme conduit au complotisme comme l’abîme appelle l’abîme. » (p.19)/ « Hautement toxique pour le discernement, le complotisme l’est aussi pour la démocratie. Sur le marché noir des idées douteuses, les théories du complot s’échangent avec la même frénésie que les superstitions, les pseudo sciences, les nouvelles spiritualités et les idéologies radicales. » (p.19)/ « Nos limites intellectuelles, notre « avarice cognitive », les innombrables biais psychologiques dont nous sommes tributaires et les passions qui nous dévorent suffisent à expliquer la puissance de séduction qu’exerce sur chacun d’entre nous le complotisme. » (p.20)/ « L’histoire du complotisme, dirons-nous, est celle des noces, éternellement renouvelée, de la crédulité et de la paranoïa. » (p.25)/ « La théorie du complot procède en toutes circonstances de ce qu’Imre Lakatos appelait un « programme de recherche dégénératif ». Comme un ballon de baudruche qui éclaterait à force d’avoir trop gonflé, elle est condamnée à s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions. » (p.34)/ « les personnes plus perméables que la moyenne aux théories du complot ont plus tendance que les autres à rejeter les faits ou les consensus scientifiques (la théorie de l’évolution par exemple) et à accepter les superstitions (astrologie, voyance, spiritisme) » (p.37)/ « Gratifiante pour l’ego, la théorie du complot est le refuge des ignorants. » (p.39)/ « Compensant leur faiblesse par des numéros d’esbroufe inconséquents, les complotistes cherchent aussi à se différencier de la commune humanité. » (p.40) « leur nombrilisme semble parfois n’avoir aucune limite. » (p.40)/ « Souvent inaptes à reconnaître la grandeur, la noblesse, le désintéressement, les complotistes ne se font en réalité aucune idée de l’héroïsme. C’est la même petitesse d’âme… » (p.41)/ « la petite engeance des professionnels du complotisme n’a aucun scrupule à accuser ceux qui les combattent de ses propres forfaits. » (p.46)/ « Procédant d’une logique aussi implacable qu’effrayante, la fuite en avant dans le délire conspirationniste est par conséquent comme programmée d’avance. » (p.52) « Tels des soldats russes en train d’envahir la Crimée – sans écusson ni aucun signe distinctif apparent – les complotistes ont appris à avancer masqués. » (p.54)

2) Dans Au cœur du complot: « Je ne manquai pas de remarquer que le discours conspirationniste présentait la même structure que le discours négationniste. » (p.23)/ « Qu’on ne s’y trompe pas : derrière l’apparent renouvellement des accusations, les complotistes ont peu d’imagination. Ils ne font pas preuve d’une grande inventivité. On peut même dire qu’ils manifestent un panurgisme stupéfiant. » (p.31)/ « Pour un revirement de ce genre, combien de nouveaux adeptes les meneurs récupèrent-ils ? La machine infernale est lancée : au-delà d’un certain seuil de visibilité, l’influence du bonimenteur complotiste tend à s’auto-entretenir. » (p.46)/ « Discuter de manière constructive avec un complotiste est comme argumenter avec un mythomane : « Beaucoup de souffrance pour peu de résultat » (P. Desproges) Je crois que je pourrais aller jusqu’à dire que, si le dialogue est possible, c’est que vous n’avez pas conversé avec un vrai complotiste. Ou alors avec un complotiste qui, le temps de la discussion dissimule ses véritables opinions pour des raisons stratégiques. Peu de temps avant l’écriture de ce texte, j’ai essayé d’échanger sur Twitter avec un complotiste anonyme3. L’échange n’a pas duré et m’a rapidement fait sentir la justesse de cette célèbre métaphore du pigeon et du joueur d’échecs, où le volatile finit par renverser toutes les pièces, se soulager sur le plateau en clamant sa victoire. » (p.57)/ «Je parlais de « meute ». C’est réellement ainsi qu’ils se comportent. Comme des supporters fanatisés d’une équipe de foot, des hooligans de l’information prêts à fermer les yeux sur les erreurs d’arbitrage qui avantagent leur équipe, au fond aussi soucieux de la question du vrai et du faux que ne le sont leurs champions. Et tout ce beau monde se fait appeler « lanceurs d’alerte » et « chercheurs de vérité ». » (p.59)/ « Les non-complotistes – j’ai failli écrire les « gens normaux » […] ne partagent pas de publications haineuses et débiles. Ils n’ont pas besoin de s’exonérer de leurs propres échecs en les attribuant à d’autres. Par effet de contraste, les non-complotistes nous renseignent sur la fonction du complotisme : une stratégie de compensation paresseuse développée par des personnes dont l’estime de soi est fragilisée. » (p.60)/ « Ce qui me vaut d’être dans le collimateur de leurs promoteurs ne fait aucun mystère pour moi. J’ai contribué à percer à jour leur malhonnêteté, j’ai dérangé leur business de bonimenteurs professionnels. » (p.91)/ « Si l’on ne débat pas en public avec les désinformateurs complotistes, c’est parce que les conditions d’un débat authentique ne sont pas réunies. » (p.99)

Les citations extraites du second ouvrage sont moins nombreuses non pas parce que notre chasseur de conspis se serait assagi avec le temps, mais parce qu’il s’agit d’un tout petit opuscule, dont la taille dépasse à peine celle du présent article. Il faut également avoir conscience que Rudy Reichstadt déroule ce genre discours si peu analytique, il est vrai sous une forme plus feutrée, dans la totalité des médias dont il est un invité habitué toujours traité avec les plus grands égards, sans même parler des colloques, conférences, séances de rééducation des élèves dans les écoles, collèges et lycées, auxquels il est très régulièrement convié.

Quand on prend connaissance de cet arrière-plan imbibé de haine jusqu’à la moelle, on est obligé d’admettre que les qualificatifs de « complotiste » et de « conspirationniste » ne sont pas anodins. Perversité supplémentaire, Rudy Reichstadt et ses frères amoureux de l’ombre et de l’anonymat, prennent bien soin dans leurs « notices » de ne pas accuser directement leurs sujets d’étude du terme infamant, recourant toujours à des formulations comme « évoluant dans la mouvance complotiste », « évoluant dans la complosphère », etc (voir supra). Ils pensent ainsi faire d’une pierre deux coups : 1) rendre plus incertaines de pourtant très légitimes poursuites judiciaires ; 2) revêtir tout de même la proie du honteux et distinctif sambenito4, puisque l’amalgame dans l’esprit du lecteur non averti est inévitable, après des années d’intense conditionnement multiforme : les campagnes désignant à la vindicte les « complotistes » ont été en effet si féroces et massives ces dernières années, que pour une grande partie des gens, il s’agit d’un terme que la plupart ne remettent même pas eux-mêmes en question, un peu comme avant 1945, les propos injurieux contre les Juifs étaient jugés comme participant d’un ordre des choses étayé par des faits de notoriété publique. Il y a également, que contrairement au « racisme » et à « l’antisémitisme », l’accusation de « complotisme » ne dispose pas d’un dispositif juridique protecteur comparable susceptible de faire réfléchir à deux fois ceux qui oseraient proférer le terme péjoratif de structure englobante, et pourtant si semblable à « négro », « youpin », ou « babtou » – ce dernier terme qui désigne les blancs dans les milieux « racisés » étant le seul à bénéficier d’une coutumière mansuétude, au nom de la lutte contre le racisme et le « privilège blanc ».

Ces fondations étant posées, je vais procéder à l’analyse – au « debunking », diraient les anticomplotistes et les factcheckistes – de ma notice d’information très bien référencée sur le moteur de recherche Google, grâce aux fonds publics détournés du fonds Marianne, concoctée par les soins de la rédaction anonyme de Conspiracy Watch. Je rappelle que je ne m’attendais évidemment pas, eu égard à la biographie pamphlétaire que j’ai publié de lui en septembre 2021, que Rudy prenne pour mon cas particulier des pincettes. Il y a néanmoins des limites à la malhonnêteté intellectuelle et la malveillance, qui ont ici été allègrement franchies.

Analyse phrase à phrase de ma « notice d’information »

1) « François Belliot (1978 -) est un enseignant évoluant dans la mouvance complotiste depuis le début des années 2010. »

Cette amorce en fait universelle dans les notices de Conspiracy Watch vient d’être commentée. Pas besoin d’en rajouter. Je ne peux pas nier faire partie, par la force des choses et des circonstances, d’une certaine « mouvance », de la même façon que pendant la guerre des « résistants » ou des « collaborateurs » de tous milieux se trouvaient dans la même tranchée unis par un ennemi commun, mais il est tout à fait abusif de la réduire à l’étiquette de « complotiste ». L’extrême diversité des titres et qualités professionnelles des personnalités noticées (biostatisticiens, infectiologues, anesthésistes, médecins, naturopathes, avocats, journalistes, écrivains, hommes politiques, militaires, humoristes, éditeurs, militants, blogueurs, philosophes, physiciens, historiens) de même que l’extrême diversité de leurs activités, travaux et domaines de recherche, suffisent à suggérer l’impropriété d’une telle épithète censée tous les englober. On est en revanche tout a fait fondé à poser que quelqu’un comme Rudy Reichstadt – qui par ailleurs n’a pas de compétence particulière à part un diplôme de l’IEP d’Aix-en-Provence –, fait partie d’une « mouvance » méritant l’épithète d’« anticomplotiste », puisqu’il existe bien toute une catégorie d’acteurs se définissant exclusivement sur la base de leur hostilité à ce qu’il nomment les « complotistes » et les « théories du complot » : la mouvance anticomplotiste.

2) « En septembre 2010, il crée son blog (francoisbelliot.fr). Parallèlement, il écrit avec Charles Aissani sous le pseudonyme de Donald Forestier (présenté sur son blog comme « un auteur fictif inventé pour imiter le style des apôtres de la version officielle des attentats du 11 septembre 2011 dans les grands médias ») un texte intitulé « J’accuse la pandémie conspirationniste ».

Erreur factuelle. J’ai créé mon blog en 2017 et non pas en 2010, et pour l’unique raison initiale que je ne trouvais absolument personne pour publier la suite de mon enquête sur Thierry Meyssan, consacrée à son imposture libyenne. Le rédacteur anonyme de la notice a sans doute été trompé par le fait que j’y ai mis par la suite tous les articles publiés depuis 2010 en restituant la date de première parution. Je n’ai donc pas créé mon blog parallèlement à la rédaction de J’accuse la pandémie conspirationniste. Pour être précis ce livre a été publié sur le site Agoravox au rythme d’un chapitre par semaine de septembre 2010 à décembre 2010. Sur ce lien : la fiche auteur de Donald. Tout le reste est factuellement juste, même si un développement plus ample aurait été plus honnête concernant un travail aussi fin et considérable, dont l’un des objectifs était de tenter de piéger des défenseurs de la version officielle ayant bénéficié d’une couverture médiatique comme l’ingénieur Jérôme Quirant, ce à quoi nous sommes parvenus, un canular autrement plus sophistiqué, soit dit en passant, que le Conspi Hunter de Thomas Huchon, auquel Rudy Reichstadt a collaboré en 2015, canular indûment fêté dans tous les médias à l’époque comme une immense victoire contre les « conspirationnistes », comme je le rapporte dans L’anticonspirationnisme mis à nu…

3) « Au mois de septembre 2011, le site antifasciste Conspis hors de nos vies informe sur les accointances de François Belliot avec des figures de la complosphère souverainiste et/ou d’extrême droite comme Alain Soral, Michel Collon, Etienne Chouard ou François Asselineau. »

Cette troisième phrase pose trois problèmes méthodologiques graves. Le premier est celui de la source. Le lien hypertexte renvoie à un article intitulé « reopen911, une porte ouverte sur l’extrême droite », signé – anonymement – du collectif antifasciste « Conspis hors de nos vi[ll]es ». Comme il me faudrait au moins vingt pages pour débrouiller convenablement en totalité ce pervers tissu de mensonges et incitations à la haine, je n’évoquerai – et encore très sommairement – que ce qui me concerne directement. Je rappelle au lecteur qui serait effrayé par la longueur déjà considérable de cet article que sa visée est de démontrer que l’accusation de Rudy Reichstadt contre les « complotistes » de produire des contenus truffés d’erreurs et de mensonges dont la réfutation exige, selon la loi de Brandolini, un effort incommensurable avec celui fourni par leurs malveillants auteurs, constitue un cas d’école d’inversion accusatoire : je suis obligé de faire long ! Dans l’article de Conspis hors de nos vi[ll]es on peut donc lire :

1) « [reopen911] a réussi un coup de maître avec le mouvement des « Indignés » parisiens, que le duo de soraliens reopenistes Belliot-Aissani a réussi à noyauter habilement, avec le concours d’autres fachos et conspirationnistes. » A titre personnel je n’ai jamais participé au noyautage du mouvement des indignés qui au contraire a été noyauté par les frères de mensonge et de haine des auteurs de cet article, je n’ai jamais été « soralien » ni le groupie de qui que ce soit d’autre – même si aujourd’hui je puis dire sans honte que je me sens infiniment plus proche d’Alain Soral que des inquisiteurs bolcheviques de Conspis hors de nos vi[ll]es, que Rudy doit certainement connaître, soit dit en passant, tant les méthodes employées se ressemblent. Quant à reopen911, cette association n’a rien à voir dans les relations houleuses que nous avons pu avoir à l’époque avec les antifas qui avaient noyauté le mouvement des indignés, et nous faisons par ailleurs partie de ceux qui ont fini par démasquer cette association comme faisant partie de la contestation contrôlée des attentats du 11 septembre 2001.

2) « Autre cas de pathologie politique parmi les membres en vue de ReOpen911, François Belliot, qui a adhéré tout récemment » (avec une photo de moi affichée en grand). Passons sur l’injure, qui n’est étayée par aucune analyse. Proche de reopen911 à l’époque, je n’ai cependant jamais adhéré à l’association, qui n’a eu de cesse de me mettre des bâtons dans les roues alors que je tentais de monter au sein de cette structure un site spécifiquement consacré au terrorisme d’État.

3) « Pas gêné par la contradiction, Belliot est l’auteur d’un article récent publié sur ReOpen911 [tuerie d’Oslo : les mentors français d’Anders Breivk] et signé de la rédaction qui se veut antifasciste (article retiré depuis suite à la demande d’un autre site faf proche de la LDJ). » Nonobstant l’amorce péjorative c’est exact, même s’il eût été honnête d’en énoncer la thèse et d’en résumer le contenu afin de justifier la réaction scandalisée. Le retrait de cette étude qui m’a demandé énormément de travail a d’ailleurs été l’un des facteurs qui ont entraîné la rupture avec reopen911. J’y songe qu’il faudrait qu’un jour je la republie sur mon site…

4) « Nous confirmons : François Belliot et Charles Aissani sont bien pires que des soraliens, et la sous-estimation de leur cas par les antifascistes qui se sont exprimés sur Démosphère est en effet injurieuse à leur égard. » Ici nous nageons dans le délire le plus total, sans commentaire…

5) Une note évoque une interviou que j’aurais réalisée d’Emmanuel Ratier, fondateur de la revue Faits & documents : « Vidéo datée de juin 2011 : egaliteetreconciliation.fr/Exclu-E-R-Entretien-avec-Emmanuel-Ratier-7413.html (on reconnaît la voix de Belliot) ». Cette vidéo n’est apparemment plus disponible. J’ai échangé quelques paroles une fois dans ma vie avec Emmanuel Ratier dans un café situé en face de la librairie FACTA qu’il tenait près de l’église Saint-Estienne d’Orves, mais je ne l’ai jamais interviouvé. Ce qui est sûr c’est que pendant cet « entretien », nous avons remarqué le manège bizarre d’un couple assis à deux tables de nous, qui manifestement ont réalisé un enregistrement clandestin de cette discussion informelle. J’en profite au passage pour dire tout le respect que m’inspire Emmanuel Ratier et la lettre d’information unique en son genre qu’il a fondée, aujourd’hui rédigée par Xavier Poussard.

Plus généralement le ton de ce très long article est celui de la malveillance à l’état pur, condensé de tous les moyens rhétoriques les plus sales, procédés cousins de ceux qui composent la panoplie ordinaire de Rudy Reichstadt, dont il use toutefois de façon plus modérée étant donné que, devant quotidiennement revêtir le masque du personnage public, de telles outrances seraient contre productives auprès du grand public que hérisse les discours extrémistes.

Second problème méthodologique, les pseudo infos de Conspis hors de nos vi[ll]es (fausses ou outrageusement déformées), « inform[eraient] » sur mes « accointances » avec « Alain Soral, Michel Collon, Etienne Chouard ou François Asselineau ». Les liens hypertextes renvoient à des « notices de personnalité » Conspiracy Watch dédiées. Je respecte les quatre personnalités citées, dont je suis avec intérêt les prises position et analyses, mais à l’époque je n’avais pas le moindre contact avec ces figures de la réinfosphère. Nous reconnaissons là un procédé AC classique, qui consiste à amalgamer la cible avec des gens dont la réputation a déjà été massivement bombardée avec des armes sales et prohibées, à tel point qu’elles sont devenues des repoussoirs aux yeux de l’opinion publique. Pour être parfaitement clair aux yeux du néophyte qui ne connaît pas ces quatre personnes, il me faudrait ici développer pendant dix pages, mais l’art est long et le temps est court.

Troisième problème méthodologique, et c’est le plus grave : comment une structure ayant reçu en 2017 la qualification d’IPG (Information Publique et Générale), suite à l’agrément de la CPPAP (Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse), devenant un service de presse en ligne, la mettant au même niveau qu’un quotidien comme Le Monde ou un hebdomadaire comme Le Point, ose-t-il s’appuyer sur une source aussi pourrie (anonymat, logiciel clairement calomnieux, procédés rhétoriques manifestement ignobles, partis pris idéologique et politique manifestes) pour alimenter une notice d’information à la prétention encyclopédique ? Précisons qu’aux termes de l’article 2 du décret du 29 octobre 2009 : « sont considérés comme d’information politique et générale [IPG] les services de presse en ligne dont l’objet principal est d’apporter, de façon permanente et continue, des informations, des analyses et des commentaires sur l’actualité politique et générale locale, nationale ou internationale susceptibles d’éclairer le jugement des citoyens. Ces informations doivent présenter un intérêt dépassant significativement les préoccupations d’une catégorie de lecteurs. L’équipe rédactionnelle doit comporter au moins un journaliste professionnel, au sens de l’article L. 7111-3 du code du travail. » Plus précisément : « Sont exclus les contenus à caractère trop spécialisé (par exemple des sites d’information médicale), ou ne présentant pas suffisamment d’actualité politique ou d’informations sur des sujets diversifiés. » Ceux qui auront le courage d’aller faire un tour sur le site de Conspiracy Watch se rendront vite compte qu’il ne remplit qu’artificiellement ces conditions, notamment en raison de son extrême spécialisation. A la vérité, Conspiracy Watch n’aurait jamais dû recevoir l’agrément de la CPPAP, comme il n’aurait jamais dû être financé par le fonds Marianne en avril 2021. Mais passons à la suite de ma « notice ».

4) « Lors des élections législatives de juin 2012, François Belliot est candidat suppléant d’Hubert Marty-Vrayance dans le 20ème arrondissement de Paris (qui réunira sur son nom 25 voix, soit 0,16 % des suffrages exprimés). »

C’est exact, même si je ne pense pas qu’il s’agisse de l’épisode le plus marquant de mon parcours – je l’ai fait avant tout par curiosité de découvrir la chose et afin de dépanner un ami qui avait besoin d’un suppléant. C’est tout de même pour moi l’occasion de rappeler qu’aussi insignifiante fût la candidature d’Hubert Marty-Vrayance, nous avons eu l’honneur de voir une grande quantité de nos affiches de campagne placardées sur les panneaux d’affichage amovibles mis en place par la mairie, méthodiquement recouvertes de grandes croix gammées intimidantes. Peut-être Rudy a-t-il des informations sur ceux qui ont mené cette ignoble campagne de pourrissement ? Je mettrais un billet sur ses amis antifas auteurs de l’ignoble article de délation dont je viens de commenter quelques extraits. Contrairement à des épisodes récents, lors desquels une croix gammée a pu être relevée quelque part (porte, boîte aux lettres, etc.), dans un contexte brûlant (crise des Gilets jaunes, guerre génocidaire des Israéliens à Gaza), et obscènement exploité à des fins politiques, nous n’avons curieusement pas eu le droit à une couverture médiatique compassionnelle massive avec déplacements de ministres à la clé. Poursuivons…

5) « De 2012 à 2013, il publie plusieurs textes sur le site du Réseau Voltaire de Thierry Meyssan [archive]. Il devient également membre du bureau de l’association Réseau Voltaire-France en tant que secrétaire, Charles Aissani assurant la fonction de trésorier et Alain Benajam de président. En octobre 2017, en collaboration avec Charles Onana (présenté par Jeune Afrique comme auteur d’écrits à caractère négationniste sur le génocide des Tutsi du Rwanda), François Belliot publie sur Geopolintel un texte de rupture avec Thierry Meyssan [archive]. »

L’objectif de ce passage est de m’amalgamer avec Charles Onana « auteur d’écrits à caractère négationniste sur le génocide des Tutsi du Rwanda », selon Jeune Afrique – moi devenant du même coup négationniste au sens le plus large pour ceux qui n’auraient pas compris. Pour être parfaitement clair il me faudrait encore m’étendre sur plusieurs pages. Je me contenterais ici de préciser que Charles Onana, plus qu’un « auteur », est bien un historien, qu’il a publié de nombreux ouvrages sur le sujet (La France dans la terreur rwandaise, Rwanda, la vérité sur l’opération Turquoise, Enquête sur un attentat, etc.), qui prouvent de façon dépassionnée et irréfutable que l’instigateur et maître d’œuvre du « génocide rwandais » est l’actuel président à vie du Rwanda, le Tutsi Paul Kagamé, avec le soutien des États-Unis, d’Israël, et de l’Ouganda. On note également que pour discréditer la remarquable œuvre d’Onana, Conspiracy Watch se base sur une source unique sans avancer le moindre fait ni le moindre argument.

L’appui sur cette source (sans lien hypertexte) permet à l’auteur de la notice de ne pas prendre la responsabilité d’accuser directement Charles Onana d’être un « négationniste », pour se prémunir contre d’éventuelles poursuites, tout en suggérant en même temps que c’est la meilleure étiquette qui puisse le définir. Il aurait été par ailleurs intéressant et instructif – si l’objectif est vraiment de rendre compte de mon parcours – d’expliquer les motifs de ma rupture avec Thierry Meyssan et le Réseau Voltaire en 2013, que j’ai expliqué longuement dans trois articles publiés sur mon site en 2017.

Autre lacune, enfin, qui signe définitivement sur ce point la malhonnêteté et la malveillance de l’inquisiteur : pourquoi ne pas avoir expliqué la nature de la collaboration de Charles Onana à cet article ? Mon dessein était d’y démontrer que l’interprétation par Meyssan des attentats du 13 novembre, accusant le président turc Erdogan de les avoir planifiés et mis en œuvre, non seulement ne tenait pas la route, mais était entaché d’irrégularités si nombreuses et grossières qu’il fallait la considérer comme une fraude. Dans son développement désordonné et mensonger, Meyssan en a profité pour accuser certains dirigeants français comme Alain Juppé de complicité dans le génocide rwandais en 1994, exclusivement imputé aux Hutus, sans s’appuyer sur le moindre argument ni la moindre source. L’accusation me semblant gratuite et infondée, j’ai pris l’initiative de contacter Charles Onana qui m’a fait l’amitié d’accepter de rédiger trois paragraphes de mise au point érudite la réduisant à néant, démystification que j’ai intégrée au corps de mon article. C’était là-dessus qu’il fallait éventuellement l’attaquer… La réfutation étant impossible, l’inquisiteur ne l’a évidemment pas fait, et, plutôt que de lui accorder le mérite d’avoir mis à nu un ignoble mensonge, a pris le parti de saisir cette occasion pour salir sa réputation et la mienne par ricochet, en lui accolant l’épithète injurieuse de « négationniste ».

Quatrième de couverture : « La justice française sous haute pression. Le 6 avril 1994, l’avion Falcon 50 transportant deux chefs d’État africains, leurs collaborateurs et trois Français, membres de l’équipage, est abattu par un missile SAM 16 au-dessus de l’aéroport de Kigali. Cet acte est reconnu par l’ONU comme « l’événement déclencheur » du génocide au Rwanda. Depuis plus de 20 ans, ses auteurs ne sont ni arrêtés ni jugés. Toutes les enquêtes menées par l’ONU, la justice belge, espagnole et française sont sabotées et en proie à de fortes pressions politiques. Qui a intérêt à étouffer ces enquêtes ? D’où viennent les pressions et pourquoi les auteurs de cet attentat semblent-ils intouchables ? Charles Onana, l’un des meilleurs spécialistes de ce dossier, fait des révélations sur les coulisses de ces différentes enquêtes et montre les interférences politiques qui jouent contre la vérité et la justice, y compris en France. »

6) En décembre 2013, Belliot est l’auteur d’une « chronique encyclopédique » pour L’Audible, un journal doublé d’un site de « réinformation » au fort tropisme conspirationniste. Son texte, consacré au mot « révisionnisme », est repris sur le site de la Fondation Polémia de Jean-Yves Le Gallou. Il rejoint les positionnements des idéologues du négationnisme que François Belliot n’hésite pas à qualifier à plusieurs reprises d’«historiens » :

« Dans les années quatre-vingt, un nombre croissant d’historiens, réexaminant certaines séquences du procès de Nuremberg (nov. 1945/oct. 1946), au cours duquel furent jugés des dignitaires nazis pour crimes de guerre, relèvent ce qu’ils identifient comme des irrégularités et des incohérences, et demandent la révision d’un certain nombre de points, touchant notamment à la réalité et aux modalités du génocide des juifs et des tziganes. Comme ils remettent en question certains éléments cruciaux, comme l’utilisation de chambres à gaz homicides, ces historiens sont également qualifiés de négationnistes par leurs adversaires. Comme dans les années cinquante, le terme est très négativement connoté, mais avec des colorations différentes. Le révisionniste désormais n’est plus un traître (comme au temps de l’affaire Dreyfus), mais un « nazi », un « antisémite », un « fasciste », et plus récemment, un « conspirationniste ». L’accusation de « révisionnisme » est d’autant plus redoutable que les députés français ont voté, le 13 juillet 1990, la loi Gayssot, qui interdit toute révision des conclusions du rapport final du procès de Nuremberg, sous peine de lourdes sanctions pénales. […] Les termes « révisionniste », et « négationniste » ont été fréquemment employés ces dernières années dans les médias pour qualifier ceux qui remettent en cause le récit d’événements historiques polémiques plus récents, comme les attentats du 11 septembre 2001, le génocide rwandais, ou encore les récents événements de Syrie. Bien que la remise en cause de la version officielle de ces événements ne soit pas pénalement répréhensible, l’utilisation de ces qualificatifs, combinée à l’existence de la loi Gayssot, peut prêter à confusion auprès du grand public, d’autant que de nombreux journalistes n’hésitent pas à opérer cet amalgame quand il est question de ces événements ».

Il s’agit là de la plus énorme fraude de la notice, qui suffit à elle seule à la discréditer. Grand classique, pour commencer, le journal l’Audible, auquel j’ai effectivement collaboré, ne peut évidemment pas produire que de l’information, il ne peut s’agir que d’une publication « au fort tropisme conspirationniste ». L’étiquette injurieuse, toujours l’apposer dès la première ligne… Aucune étude avec exemples nombreux et concordants à l’appui pour justifier l’anathème contre notre journal, et choix, au milieu d’une centaine d’articles et entretiens publiés, du seul article susceptible de me nuire, en le tronquant délibérément. Série de remarques…

a) L’extrait cité occupe près d’un quart de la « notice ». Alors que j’ai publié des milliers et des milliers de pages depuis près de 15 ans sur les sujets les plus divers, le choix des inquisiteurs se porte tout naturellement sur un court article vieux de dix années, dont le sujet est, comme par hasard le « révisionnisme », en résonance il est vrai avec les obsessions morbides de Rudy Reichstadt et dans l’idée abusive de faire de moi un partisan déclaré d’une cause qui tombe sous le coup de la loi.

b) Finalement ce qui semble le plus choquer l’inquisiteur, c’est que j’ai pu employer le terme d’« historiens » pour qualifier les révisionnistes. Soit, soit… Il peut s’agir à la limite de « chercheurs », puisque seul un diplôme en bonne et due forme semble avoir l’heur de convaincre l’inquisiteur – qui prenons les paris n’est certainement pas un journaliste, ni un historien, mais certainement un « idéologue » – mais alors il faut rappeler, dans un souci d’équité, que parmi tous les historiens les plus renommés de l’holocauste, nombre d’entre eux, tels un Léon Poliakov, ne sont pas historiens de profession, et quand bien même cela n’a aucune importance…

c) Il s’agit d’une définition exacte du révisionnisme au sens moderne du terme et de l’instrumentalisation qui en est faite de nos jours pour intimider toute personne s’exprimant sur un sujet brûlant en sortant des sentiers battus. Il existe indubitablement une instrumentalisation politique du révisionnisme à des fins politiques.

d) Il s’agit à la base d’un article retraçant l’histoire du mot révisionnisme. J’y rappelle ainsi qu’il fut employé pour la première fois lors de l’affaire Dreyfus pour qualifier ceux qui voulaient le réhabiliter, qu’il fut employé ensuite dans les années 1950 pour qualifier ceux qui voulaient remettre en cause l’héritage de Staline en URSS, et que ce n’est que dans les années 1990 qu’il prit son sens contemporain en rapport avec certains événements de la Seconde Guerre Mondiale – un terme générique, « révisionnisme », par ailleurs consubstantiel à la méthode historique, accédant finalement au statut de terme spécifique amalgamé à une partie infime de l’histoire humaine. Le ton de la « notice » n’aurait-il pas été complètement différent si l’inquisiteur avait choisi d’isoler l’extrait suivant du même article ?

« En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, Alsacien d’origine juive, est accusé d’avoir livré des documents sensibles à l’Allemagne. Au terme de son jugement il est condamné à la prison à perpétuité et déporté au bagne guyanais. Rapidement toutefois, certains se rendent compte que l’enquête et le procès ont été entachés d’irrégularités, et mènent une campagne pour la « révision » du procès. L’affaire Dreyfus passionne et divise profondément les Français pendant plus de dix ans, les « antidreyfusards » ou « antirévisionnistes » croyant fermement à la culpabilité du capitaine, les « dreyfusards » ou « révisionnistes » remettant en cause la régularité du procès et demandant la réhabilitation de l’homme. C’est donc dans un contexte juridique que le terme entre de plain-pied dans la langue française. Peut être qualifiée de « révisionniste » toute personne qui remet en cause une décision de justice. »

e) Puisque l’inquisiteur voue une telle adoration aux diplômes – quand ça l’arrange –, rappelons la pétition lancée en décembre 2005 par 19 historiens, parmi lesquels Pierre Vidal-Naquet, demandant l’abrogation des articles de loi contraignant la recherche et l’enseignement de l’histoire (dont la loi Gayssot fait partie). On pouvait notamment y lire : « L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique. (…) L’histoire n’est pas la mémoire. (…) L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’état, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire. C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives – notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 – ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique. »

7) « François Belliot est également l’un des signataires de la pétition « Liberté Pour Ryssen » lancée en 2020 et réunissant les signatures de tout le ban et l’arrière-ban de la mouvance négationniste ou pro-négationniste. »

C’est exact. A une époque ou tant de journalistes dévoyés, hommes politiques véreux, escrocs intellectuels en tous genres font la pluie et le beau temps dans les médias, sans jamais avoir à répondre de leurs mensonges et manipulations, j’ai ressenti comme un devoir de dénoncer l’emprisonnement d’un écrivain dont les livres n’ont presque jamais été attaqués en diffamation, et qu’importe qui a signé la pétition avec moi… Il s’agit du reste d’un détail ultra-mineur de mon parcours – combien de dizaines de pétitions n’ai-je pas signées ces dix dernières années ! –, qui n’a été choisi que pour y placer deux fois le mot « négationniste » (pour la deuxième fois), afin de l’assombrir plus encore à peu de frais et suggérer, après la citation de l’extrait sur le révisionnisme, une obsession et une cohérence dans l’obsession qui n’existe que dans l’imagination perverse et sadique de l’inquisiteur. Il s’agit encore également de suggérer que mon activité intellectuelle et littéraire est susceptible de tomber cous le coup de la loi dénoncée par Pierre Vidal-Naquet et 18 autres historiens dans la pétition de 2005.

8) « En 2015, il publie Guerre en Syrie : Le mensonge organisé des médias et des politiques français où il fustige « la présentation diabolisatrice du président Bachar el-Assad et du ‘régime syrien’ » depuis le début de la guerre en 2011. Une présentation qu’il qualifie de « propagande » dont la fonction « était et est encore de préparer l’opinion à accepter la nécessité d’une intervention militaire internationale contre le pouvoir syrien légalement élu, en instrumentalisant notamment des assassinats et des massacres révoltants commis par les ‘rebelles’ et mensongèrement imputés aux autorités syriennes. » L’ouvrage est publié aux éditions Sigest, au catalogue de laquelle on retrouve des figures de l’extrême droite complotiste comme Maria Poumier, Youssef Hindi et Jean-Michel Vernochet. Il en publie le second tome en 2016. Cette même année, il participe à la revue Europe & Orient, également publiée par Sigest, dans un numéro comptant parmi ses contributeurs Valérie Bugault, Youssef Hindi ou encore Bruno Guigue. »

Les six premières lignes sont honnêtes, mais, comme il s’agit d’un énorme travail qui m’a occupé pendant près de deux ans, et qui m’occupe encore, pourquoi ne pas aller un peu dans le détail, citer des extraits ? C’est intellectuellement malhonnête de parcourir ce genre de séquences biographiques majeures à toute vitesse au télescope, et de pointer aussi longtemps le microscope sur des épisodes insignifiants en comparaison ! Mais Rudy Reichstadt fait partie de ceux qui pendant dix ans n’ont eu de cesse de taper sur le « dictateur » et le « régime » syrien, se rendant ainsi indirectement coupables des souffrances terribles éprouvées par le peuple syrien à cause de l’ingérence étrangère des « amis de la Syrie » (France, États-Unis, Qatar, etc.) et de leurs proxies djihadistes… Plutôt que d’attaquer le détail de mes thèses, il s’en prend donc à ma première maison d’édition en énumérant certains écrivains qui y ont publié, en les subsumant mensongèrement sous la catégorie de « l’extrême droite ». Cette saucisse du chapelet destinée à compléter le maléfique pentagone n’avait pas encore été sortie. C’est chose faite, après le « conspirationnisme », le « révisionnisme » et le « négationnisme ». Si j’usais du même procédé, je pourrais rappeler que Rudy Reichstadt a publié dans une maison d’édition, Grasset, dont le catalogue comporte des personnalités sur lesquelles pèsent ou ont pesé de très lourds soupçons de pédophilie (Dominique Baudis, Thierry Levy, Daniel Cohn-Bendit, Pierre Bergé), et tout le gratin des néoconservateurs français (Alexandre Adler, Christophe Barbier, Pascal Bruckner, André Glucksmann, Caroline Fourest, Nicolas Sarkozy, Philippe Val, et Bernard-Henri Levy), qui par leur positionnement pro-israélien et pro-étasunien fanatique sont complices de l’occision de millions d’arabes dans le sillage des troublissimes attentats du 11 septembre 2001 – tout en clamant leur indéfectible attachement à l’État le plus raciste du monde, Israël, engagé dans la bande de Gaza dans une guerre de destruction génocidaire. Qu’est-ce que cela prouve quant à la valeur des livres de Rudy ? Rien, sans doute ! L’inanité et la perversité d’un auteur ne peuvent être mises en lumière qu’à travers une étude minutieuse de sa production, ce que je fais ici, que j’ai fait dans l’ouvrage que je lui ai consacré en septembre 2021, et que je ferai dans un prochain article consacré à L’inversion accusatoire selon Rudy Reichstadt.

9) « Le 3 mai 2016, il co-anime une « conférence-débat » avec Jean Bricmont et Alain de Benoist sur le thème de la liberté d’expression en temps de guerre. Ce rendez-vous est notamment annoncé sur les sites Entre la Plume et l’Enclume et Égalité & Réconciliation. »

Exact, mais pourquoi, encore, mettre en exergue un fait aussi mineur ? Parce qu’il s’agit encore de m’amalgamer à des personnalités et des structures qui ont déjà leur portrait au caca fumant sur les murs du musée des horreurs de Conspiracy Watch, les liens hypertextes renvoyant à autant de « notices ». Pour le reste quelle relation et quels rapports ai-je avec ces individus ? Aucune… La rigueur biographique eût consisté, ce qui était facilement vérifiable sur mon site internet, que le surlendemain de cette conférence-débat, je m’envolais pour un voyage de six jours dans l’Irak chiite – en pleine guerre contre l’État Islamique –, voyage dont j’ai tiré un récit en six parties sur lequel j’ai travaillé tout un été. Plus généralement, pourquoi ne pas dire un mot ou beaucoup plus de mes articles sur les Gilets jaunes, la guerre en Syrie, la crise covidique, les opérations sous faux-drapeau, les escroqueries médiatiques, l’anticonspirationnisme, le massacre de Charlie hebdo, mes interventions à l’académie de géopolitique ? Mais il est vrai que cela ne cadre pas du tout avec le cahier des charges de l’inquisiteur, qui impose de sélectionner soigneusement les détails les plus susceptibles de porter préjudice, qui plus est en les déformant avec une perversion sadique, et de passer sous silence ou déformer tout ce qui pourrait venir troubler la cohérence démoniaque du portrait.

10) « La même année, il publie sur Boulevard Voltaire un texte dirigé contre la critique du conspirationnisme, qualifiée de « fraude » [archive]. Le texte sera par la suite dépublié du site. »

Le premier lien renvoie à la « notice » du site Boulevard Voltaire, évidemment dévastatrice, les deux liens suivants au site Boulevard Voltaire lui-même, mais pas à l’article en question. Il était pourtant facile de le retrouver sur mon site. Il aurait même pu en citer l’extrait suivant, qui va comme un gant à la présente étude : « la totalité des auteurs anti-complotistes ont pour credo de recourir à tous les artifices les plus sales de la rhétorique : attaques ad hominem, mensonges factuels, procès d’intention, incitations à la haine, inversion accusatoire, métaphores renvoyant au domaine de la croyance, de la prolifération et de la maladie, refus d’entrer dans le détail des objections, amalgames grossiers entre toutes les différentes théories du complot et les « extrêmes » (droite et gauche), accusations de « révisionnisme » et de « négationnisme ». Sur les centaines et les centaines d’articles, d’ouvrages, discours anti-complotistes que je répertorie depuis un an, je ne suis quasiment jamais tombé sur une production pouvant mériter le qualificatif d’honnête. » Mais bon… cela aurait contribué à démasquer la perversité des inquisiteurs de Conspiracy Watch, qui dans toutes leurs « notices », appliquent ce credo à la lettre ! Et l’important était de pouvoir m’amalgamer encore une fois à une entité « complotiste » diabolisée aux petits oignons par leurs soins. Je remercie tout de même l’auteur de ma notice, qui m’a permis de me rendre compte que pour une raison que je ne m’explique pas, la rédaction de Boulevard Voltaire a dépublié non pas ce seul article, mais trois autres articles que j’y avais publiés un an plus tôt, en octobre 2015, sur la guerre en Syrie (voir sur mon site : 1/2/3), tout en conservant un dernier sur « L’ère de la transparence », datant de février 2020. Étrange5

11) « François Belliot s’est exprimé plusieurs fois sur Radio Courtoisie. Comme Valérie Bugault, le Dr Nicole Delépine, Pierre Hillard, Roger Holeindre ou Jean-Yves Le Gallou, il fait partie des auteurs annoncés à la 3ème « Fête du Pays Réel » organisée fin mars 2019 par le parti catholique intégriste Civitas (dissout en octobre 2023). »

Et alors ! Radio Courtoisie est la dernière radio hertzienne française sur laquelle on peut écouter des émissions libres tant dans le ton que le choix des sujets, qui n’est pas possédée par un milliardaire, n’est pas financée par de la publicité, ne bénéficie pas de subventions publiques – contrairement à Conspiracy Watch via le CIPDR et la DILCRAH –, et ne subsiste que grâce aux dons de ses auditeurs. Je profite de cette occasion pour exprimer ma gratitude envers ce média, qui est l’unique radio à m’avoir invité pour permettre de faire découvrir mon travail sur la guerre en Syrie. Mais l’objectif de Conspiracy Watch était encore et toujours de renvoyer à trois de ses notices de délation : la radio elle-même + trois auteurs noticés qui n’avaient pas encore été cités + une figure historique de « l’extrême droite ». Le procédé est identique à celui employé dans le paragraphe consacré un mon premier éditeur, Sigest.

Quant à ma participation en tant qu’auteur à « la 3ème fête du pays réel » organisée par Civitas – que je soutiens et dont je déplore la dissolution, prononcée dans des circonstances iniques, après une ignoble campagne de démonisation – en mars 2019, je dirais encore : Et alors ? Il s’agissait simplement de vendre pendant deux heures, dans le cadre d’une séance de dédicace, mes ouvrages sur la guerre en Syrie, qui m’ont coûté deux ans de travail, et dont le détail n’intéresse pas les inquisiteurs de Conspiracy Watch : toujours cette passion des micro détails trafiqués. Je n’ai pas la chance comme Rudy Reichstadt d’être reçu dans la totalité des médias collaborationnistes pour promouvoir des ouvrages où la perversité le dispute à la médiocrité. Maintenant le procédé est toujours le même : m’associer une énième fois à une personnalité ou une entité déjà atrocement noticée par leurs soins, pour renforcer l’impression que je ne suis qu’un pion fanatisé d’une mouvance occulte antidémocratique et extrêmement bien organisée – ce qui est une inversion accusatoire, puisque c’est Rudy Reichstadt et ses frères et relatifs qui se trouvent dans une telle situation. Voyons par ailleurs ce que ça peut donner en retournant le procédé : Rudy Reichstadt a participé, en septembre 2012 et juin 2013 à deux séminaires de la Règle du jeu, la revue du criminel de guerre Bernard-Henri Levy, qui a sur les mains, directement ou indirectement, le sang de millions de civils innocents en Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, Ukraine, et maintenant à Gaza, BHL qui est la figure de proue de sa maison d’édition Grasset et qui n’a pas hésité à expliquer, le 20 novembre 2011, lors de la convention nationale du CRIF, qu’il s’était engagé dans la campagne de la destruction de la Libye pour des raisons raciales, se signalant au passage comme un traître : « C’est en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays [NDA : Israël] une stratégie et des tactiques. (…) Je ne l’aurais pas fait si je n’avais pas été juif ». Qui se ressemble s’assemble, et la collusion active avec ce sinistre individu est d’une tout autre gravité qu’une banale participation à une séance de dédicace lors d’un salon du livre organisé par Civitas ! Il suffit du reste de lire la page de présentation de cette « 3ème fête du pays réel », pour se rendre compte de son caractère anodin et bénin, ce qui n’est évidemment pas le cas de la « notice » que consacre Conspiracy Watch à Civitas.

12) « Son livre Le massacre de Charlie Hebdo : l’enquête impossible paraît le 1er juillet 2021 aux éditions Le Retour aux Sources [archive], qui publient également Pierre Hillard, Jean-Michel Vernochet ou les auteurs complotistes américains Anthony C. Sutton et Eustace Mullins. Il y conteste la « version officielle » des attentats de janvier 2015. »

Même procédé que pour l’extrait précédent. La probité, encore une fois, eût consisté à entrer un peu dans le détail d’un ouvrage qui m’a occupé pendant plus d’un an et qui est le seul à faire tout le tour du sujet. J’y conteste la « version officielle » ? Et alors ? S’il ne s’agit que de cela, je me situe exactement dans le même camp que Maryse Wolinski, l’épouse du dessinateur assassiné le 7 janvier, Ingrid Brinsolaro, la veuve de Franck Brinsolaro (victime), le garde du corps de Charb’ » (Stéphane Charbonnier, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire porno-politique, victime), Denise Charbonnier, la mère se Charb’, et Valérie Martinez, sa maîtresse. Ces quatre (très) proches de victimes ont tous à des degrés divers exprimé de profonds doutes quant à la version officielle du massacre de Charlie Hebdo, dénonçant notamment l’inexpliqué à ce jour abaissement de la sécurité à tous les niveaux les semaines et les mois précédant le massacre des locaux de Charlie Hebdo et de son rédacteur en chef Stéphane Charbonnier, abaissement de la sécurité auquel je consacre une trentaine de pages dans mon livre (p.38 à 72), Conspiracy Watch ayant au contraire relayé religieusement toute la frauduleuse littérature anticomplotiste (1/2/3/4/5/6) sur le sujet, quelle que soit l’énormité des tares de cette production, comme je l’expose dans la seconde partie de l’ouvrage (p.140 à 209), littérature qui ne dit jamais un seul mot (ce qui est en soi extrêmement suspect) de l’enjeu crucial de l’abaissement de la sécurité.

13) « Toujours en 2021, François Belliot publie au Retour aux Sources un ouvrage de 232 pages consacré au directeur de Conspiracy Watch, Rudy Reichstadt, qu’il souhaite voir mis en accusation « pour haute trahison » (sic). Il y écrit en effet que les anticonspirationnistes « mériteraient rien de moins que le qualificatif de criminels participant à une escroquerie intellectuelle en bande organisée. » Pour les accusations, insinuations infamantes et propos injurieux, parfois à caractère antisémite, qu’il tient dans ce livre à l’encontre de Rudy Reichstadt, des poursuites judiciaires ont été engagées à l’automne 2021 (procédure en cours). »

Une accusation pour haute trahison devient naturelle dans le cas d’agents de l’étranger (Israël et les États-Unis en l’occurrence) constituant une menace pour la sécurité nationale, dans un contexte géopolitique extrêmement tendu où ceux-ci ne cessent de jeter de l’huile sur le feu pour exacerber les antagonismes. Pour rappel, l’article 411-5 du code pénal stipule (jamais appliqué, enfin il existe…) : « Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende. Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France. » Quant à l’accusation de « criminels participant à une escroquerie intellectuelle en bande organisée », je l’ai étayée en long, en large et en travers dans mon ouvrage, et j’ai bien peur pour lui que la présente étude, qui pourrait être dupliquée avec des variations minimes pour la plupart des 600 « notices » de Conspiracy Watch, donne un poids supplémentaire à cette accusation. C’est bien dans ces notices, au premier chef, que pullulent, sans aucun argumentaire, les « les accusations, insinuations infamantes et propos injurieux ». Il est en outre profondément malhonnête de réduire mon enquête à une poignée de mots peu amènes, qui ne sont que la conclusion imparable d’une fouillée et irréfutable démonstration. Quant à l’accusation d’antisémitisme, je me contenterais de répondre que comme tous ses frères et sœurs, Rudy Reichstadt commet l’erreur de confondre l’organisation quasi mafieuse à laquelle il appartient, la communauté juive organisée, avec l’ensemble des Juifs de France qui se trouvent pris en otages par cette clique dont la loyauté va d’abord et avant tout à l’État d’Israël, en train à l’heure où j’écris ces lignes de mettre en œuvre la solution finale du peuple palestinien dans la bande de Gaza. Quelle est la fonction de l’accusation d’antisémitisme dans la bouche d’un acteur anticomplotiste de son acabit, sinon celle d’un bouclier magique dont la raison d’être princeps est de rendre intouchables des mensonges, des fraudes, des manipulations ? Dans ce genre de cas, il crève les yeux que le chantage à l’antisémitisme – saucisse qui n’avait pas encore été placée dans la notice jusqu’à présent ! – constitue ni plus ni moins que l’un des aspects de l’escroquerie intellectuelle.

Conclusion

Les lecteurs qui auront eu le courage de me suivre jusqu’ici ne peuvent que mesurer combien les deux extraits qui servent d’amorce à cet article constituent un cas d’école d’inversion accusatoire. Je rappelle le plus court, à la page 160 de L’opium des imbéciles : « Quant aux exagérations, aux boniments, aux mensonges, aux spéculations oiseuses et aux contrevérités dont les complotistes truffent leurs propos, ils représentent aujourd’hui pour leurs auteurs un coût à peu près nul. Celui de leur réfutation scrupuleuse critique en revanche qui implique un investissement intellectuel souvent lourd et ingrat, est particulièrement élevé. ». Erreurs factuelles, omissions monumentales, effets de loupe trompeurs, procès d’intention, termes injurieux, exagérations, citations tronquées, amalgames infamants, sources pourries, autoréférences innombrables à des « notices » Conspiracy Watch du même tonneau, méconnaissance des sujets, obsessions morbides, ces divers traits et procédés répugnants se trouvant souvent combinés, la prose de Rudy Reichstadt et des courageux rédacteurs anonymes des « notices » ressemble à des séries de pelotes de fil de pêche inextricablement embrouillées balancées en continu à toute vitesse dont l’éclaircissement exige un haut niveau de connaissance, une patience inhumaine, ainsi qu’une immunité nasale aux miasmes des décharges. C’est ce que je me suis attaché à démontrer dans cet article à travers mon cas personnel : les « notices » de conspiration de Conspiracy Watch constituent une fraude intellectuelle de premier ordre, et outre l’indu agrément reçu par la CPPAP, l’indu financement par la CIPDR, la FMS, la Fondation Jean Jaurès, la DILCRAH, etc., l’illégitime relief médiatique, on ne peut que s’étonner qu’au moins un organisme étatique ne se soit pas senti le devoir de faire cesser ce scandale.

1Rapport complémentaire relatif au « fonds Marianne », IGA, p.26

2 Il m’a intenté un procès pour injures publiques en réponse à la parution de la biographie critique que je lui consacrée à l’automne 2021, L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt, ouvrage qu’il a qualifié de « crachat diffamatoire », sans l’ombre d’un argument, dans son opuscule Au cœur du complot , publié chez Grasset en mars 2023, peu avant que le scandale du fonds Marianne n’éclate.

3Il s’agit apparemment de l’unique « complotiste » avec lequel Rudy ait jamais discuté de sa vie. Il lui serait pourtant facile aller puiser dans ses multiples « notices de personnalités » dans lesquels il trouverait des « complotistes » ayant une activité intellectuelle publique et disposés à débattre avec lui. Comme tous sont, selon lui, des sortes de demi mongoliens malhonnêtes et atteints de troubles psychiatrique, ce serait un jeu d’enfant pour lui, en même temps qu’une louable opération de salubrité publique, que de les ridiculiser publiquement.

4Le sambenito était « Casaque jaune dont étaient revêtus ceux que l’Inquisition avait condamnés au bûcher. » (Larousse)

5L’anecdote suivante éclaire peut-être ce mystère : au moment de proposer un quatrième article sur la guerre en Syrie, j’ai alerté la rédaction de Boulevard Voltaire à propos d’un article qu’ils venaient de publier sur la guerre en Syrie, qui était truffé d’erreurs et versait naïvement dans la propagande antibachariste des « amis de la Syrie ». Or cet article était signé Dominique Jamet, cofondateur du site avec Robert Ménard en 2012, ce qu’alors j’ignorais. Loin de rectifier les grossières erreurs que j’y ai signalées, ils ont maintenu l’article de Jamet tel quel et refusé de publier le mien, sans explication. A propos de Robert Ménard, nous ne saurions trop recommander la lecture de La face cachée de Reporters sans frontières (2007), et L’irrésistible déchéance de Robert Ménard (2013), de Maxime Vivas. Qui se ressemble s’assemble…

3 réponses sur “Ma « notice d’information » Conspiracy Watch est une fraude”

  1. Voici des informations factuelles sur Rudy Reichtag sur l’article que Wikipedia lui consacre :
    « En 2007, il crée le blog Conspiracy Watch, auquel il se consacre de façon bénévole2 (!!!). Son engagement est soutenu par l’historien Pierre-André Taguieff et par Bernard-Henri Lévy, qui lui propose de participer à sa revue et au séminaire La Règle du jeu3. »
    « L’objectif de Conspiracy Watch est de mettre en lumière et de dénoncer le conspirationnisme, l’antisémitisme, et le négationnisme, »
    Mon commentaire : Je considère comme un honneur que votre travail de recherche objective de la vérité soit attaqué par un collaborateur de Mr Bernard Henri-Lévy. Ce dernier sait-il distinguer l’antisionisme radical de l’antisémitisme ? Je ne le pense pas.

  2. petite erreur de construction en début d’article :
    « la plupart des notices produites ne concernaient pas seulement des « termes liés à la culture complotiste » mais pour l’essentiel à des individus comme moi, »
    deux corrections possibles (selon le sens que vous voulez donner)
    1) enlever la préposition « à » devant « des individus » => « la plupart des notices produites ne concernaient pas seulement des « termes liés à la culture complotiste » mais pour l’essentiel des individus comme moi, »
    2) on déplace et modifie la négation « ne… pas » => « la plupart des notices produites concernaient des « termes liés non seulement à la culture complotiste » mais pour l’essentiel à des individus comme moi

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