Nouvelle édition de « Charlie Hebdo, l’enquête impossible »

Étant en délicatesse avec mon précédent éditeur, Omnia Veritas, qui fait le mort depuis l’annonce de mon procès avec Rudy Reichstadt (le directeur du site de délation Conspiracy Watch, auteur d’une pseudo notice d’information frauduleuse à mon sujet, et spécialiste de l’inversion accusatoire), alors qu’il a une responsabilité cardinale dans la plainte pour injures publiques que celui-ci m’a intentée, je suis poussé à republier en autoédition Le massacre de Charlie Hebdo l’enquête impossible et L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt. Je commence par le premier, chez l’imprimeur thebookedition.com (pour l’instant le livre n’est disponible qu’à la commande en ouvrant ce lien hypertexte) La mise en forme minimale s’explique par le fait qu’il faut tout faire soi-même quand on adopte ce mode de publication, à moins bien sûr de payer… Le prix de 22,50 euros est légèrement inférieur au prix antérieur, et j’en touche 50 % au lieu de 10 % avec un éditeur traditionnel. Je n’ai rien contre les éditeurs traditionnels, qui permettent une mise en forme de plus grande qualité et une surface de diffusion plus importante, mais je me voyais mal publier des ouvrages déjà publiés ailleurs il y a trois ans, dont l’un m’a valu un procès. Je donne plus de détails dans la « préface à la nouvelle édition » par laquelle s’ouvre l’ouvrage, et que voici…

« Un auteur n’est jamais trop prudent lorsqu’il se met en quête de trouver un éditeur susceptible de parachever le produit de mois de labeur acharné. L’euphorie du point final fait baisser de plusieurs crans la lucidité et alors que l’on pouvait passer des heures à soupeser le moindre détail, en quelques minutes on peut céder à la tentation de livrer la version finale à un opportuniste dont on ne connaît presque rien, et qui à l’expérience peut se révéler un fieffé escroc. C’est encore plus vrai dans les milieux dits « dissidents » où la publication et la diffusion d’ouvrages sur des sujets sensibles – et relevant en fait du tabou religieux si l’on se place d’un point de vue républicain – s’avère à l’expérience un parcours du combattant presque plus ardu et angoissant que la composition des ouvrages eux-mêmes.

C’est la mésaventure qui m’est arrivée à l’été 2021, après avoir achevé le présent ouvrage. Suivant les conseils et me recommandant d’une figure littéraire respectée de notre époque – qui nourrit depuis les mêmes regrets que moi –, j’ai contacté un éditeur à qui j’ai envoyé par courriel un tapuscrit.

Trois jours plus tard, sa réponse étant positive et enthousiaste, je donnai mon accord et c’était parti pour l’aventure.

Je ne fis pas la fine bouche quand je reçus les premiers exemplaires quelques semaines plus tard. Si la correction semblait avoir été faite à la va-vite, le papier, la couverture et la mise en page étaient de bonne qualité, et les nombreux échanges téléphoniques que j’avais alors avec l’éditeur m’avaient mis en confiance. A tel point que je lui proposai de publier dans la foulée un second ouvrage, L’anticonspirationnisme mis à nu à travers l’imposture Rudy Reichstadt, une sorte de biographie intellectuelle pamphlétaire de la figure de proue de l’hydre anticomplotiste « française », ce qu’il fit en un temps record, quelques semaines après la parution du précédent.

L’éditeur révéla son vrai visage un an et demi plus tard, quand je fus informé par courrier que Rudy Reichstadt portait plainte contre nous deux pour injures publiques : soudain il me devint impossible d’entrer en contact avec lui ; comme le siège de la maison d’édition se trouvait en Irlande, sans adresse précise, et qu’il avait toujours tenu à m’appeler en numéro caché, je n’avais aucun moyen concret de rétablir les ponts ; quand je reçus – tout de même – quelques droits d’auteur, je me rendis compte qu’ils étaient trop ridiculement dérisoires pour correspondre à la réalité des ventes ; comme j’insistais par courriel pour avoir des éclaircissements, on finit par m’informer, sous la forme d’une brève impersonnelle, que le directeur de la maison d’édition que j’avais eu moult fois au téléphone était décédé d’un accident de moto aux États-Unis ; enfin, à l’approche du procès, qui devait se tenir en juin 2024, mes deux ouvrages disparurent purement et simplement de leur boutique en ligne. Cependant la boutique existait toujours bel et bien, et sur les sites de vente en ligne, je me rendais bien compte qu’ils étaient toujours en vente et que des exemplaires étaient toujours en cours d’approvisionnement ! Le cadavre de l’éditeur manifestement bougeait encore, suffisamment en tous cas pour engranger des revenus dont j’avais bien besoin dans la perspective d’une amende judiciaire qui dans le contexte politique actuel m’apparaissait inéluctable.

J’ai donc finalement décidé de publier une nouvelle version des deux ouvrages en auto édition, à commencer par Le massacre de Charlie Hebdo, l’enquête impossible. Les modifications que j’ai apportées ne sont guère nombreuses mais suffisamment pour justifier l’expression de « nouvelle édition ». En relisant attentivement l’ouvrage, j’ai relevé finalement pas moins de 800 coquilles. Certaines étaient bénignes : variations dans la hiérarchie des guillemets, dans la taille des alinéas, dans la police des chiffres des notes de bas de page, oublis de mise en italique de citations ; certaines étaient plus gênantes comme des disparitions de soulignage, des mots redoublés, des fautes d’accord, et même des fautes d’orthographe inexistantes dans l’original que j’avais envoyé à l’époque ! Et comme je n’avais pas reçu de bon à tirer pour rectifier, raboter, tempérer ce qui pouvait l’être… Ne disposant pas d’un temps infini pour ce genre de travail qui dans l’idéal devrait mobiliser au moins deux relecteurs supplémentaires, il est fatal que je sois passé à côté d’un certain nombre de coquilles. Cette nouvelle version me semble tout de même plus conforme à mes exigences.

Pour ce qui a trait aux faits et analyses exposés et développées dans l’ouvrage, si l’on excepte une poignée d’actualisations mineures, je n’ai pratiquement pas changé une ligne. Alors que je ne l’avais pas relu depuis sa parution il y a trois ans, la démonstration me semble toujours tenir aussi bien la route, et le seul élément nouveau apparu dans le débat public sur le sujet, à savoir l’ouvrage de Denise Charbonnier, la mère du rédacteur en chef de Charlie Hebdo assassiné le 7 janvier 2005, Lettre ouverte à mon fils Charb’, ajoute un poids supplémentaire à la thèse principale de l’ouvrage, à savoir que le cœur du scandale, volontairement éludé par les acteurs anticomplotistes, la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, et le procès des attentats qui s’est tenu à l’automne 2020, est l’abaissement toujours inexpliqué à ce jour, les semaines et les mois précédant l’attentat, de la sécurité des locaux de l’hebdomadaire porno-politique et de ses journalistes.

François Belliot, septembre 2024 »

La mère de Stéphane Charbonnier mérite-t-elle d’entrer dans la catégorie infamante de « complotiste » pour évoquer de façon lancinante l’abaissement inexpliqué de la sécurité de Charlie Hebdo et de son fils les semaines et les mois précédant le massacre, et dénoncer l’omerta qui prévaut à ce sujet ?

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