J’accuse (11/12) : la signature d’Al Qaida

Dans le dernier chapitre de cette étude, je procède à une analyse comparée des trois principaux attentats perpétrés par Al Qaida depuis le début du siècle : le 11 septembre 2001 à New York et Washington, le 11 mars 2004 à Madrid, et le 7 juillet 2005 à Londres. En mettant ainsi à jour ce que j’appelle « la signature d’Al Qaida », j’espère convaincre le lecteur du danger sous-estimé que représente cette organisation terroriste.

Nota Bene : Donald Forestier est un auteur fictif inventé pour imiter le style des apôtres de la version officielle des attentats du 11 septembre 2011 dans les grands médias.

Comme le rappelle ironiquement Mohamed Sifaoui dès les premiers instants de la mythique émission de Franz-Olivier Giesbert du 11 septembre 2009 : « ce qui est ennuyeux dans cette histoire, si je devais mettre tout ça en mille feuilles, les attentats en Algérie, de Londres, de Madrid, de Djerba, ce ne sont pas les islamistes…Alors les islamistes, finalement, qu’est-ce qu’ils ont fait ? » Remarque et question judicieuses puisqu’elles ouvrent une brèche décisive dans le raisonnement traditionnel des conspirationnistes. Quand on analyse un événement, il est tentant de faire fi du cadre dans lequel il prend place, et de la logique historique qui le sous-tend. On obtient à peu de frais un cadre assez flou pour développer les spéculations les plus folles. C’est le travers, plus généralement, de toute enquête dans laquelle on passe gratuitement sous silence des faits importants, pour dessiner à plaisir le chemin le plus court vers l’unique conclusion que l’on croit possible.

Je ne m’expliquerai pas plus avant sur le choix que j’ai fait de consacrer cet ultime chapitre aux autres attentats perpétrés par Al Qaida de par le monde. L’évidence saute aux yeux.

Ne souhaitant pas éprouver la patience du lecteur en étendant démesurément cette étude, j’ai choisi de me concentrer sur deux éléments majeurs de cette série, à savoir les attentats de Madrid du 11 mars 2004, et de Londres du 7 juillet 2005. J’escamote de ce fait, donc, non seulement les attentats en Algérie, ceux de Djerba, mais aussi ceux de Bali, de l’USS Cole et des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, pour ne citer que les plus connus.

Ce choix n’est évidemment pas anodin. Ces deux attentats sont ceux qui ont eu l’impact le plus profond dans notre vieille Europe. J’ai conscience en me focalisant sur ces deux petits frères du 11 septembre, de faire revivre à mon public les événements qui lui parlent le plus après ceux de New York et Washington. Les points communs entre ces trois événements précis crèvent de toutes façons tellement les yeux que c’est sur ces deux autres attentats que je serais fatalement tombé si j’avais eu en tête de convaincre des Américains, des Saoudiens, des Chinois, ou qui sais-je.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je regrette de devoir informer le lecteur qu’Outre-Manche et par-delà les Pyrénées, le virus conspirationniste a commencé à se répandre. Des avatars de Loose change ont été montés, des polémiques se sont propagées, jusque dans les journaux les plus sérieux, des familles de victimes se sont regroupées dans des collectifs. Bref nous avons là, à nos portes, deux virus mutants qui n’attendent qu’une faiblesse de la part des journalistes encartés pour commencer à se répandre dans la population et y causer d’irrémédiables ravages. Il est particulièrement triste pour la réputation de notre pays que ce soit, une fois de plus, Thierry la fronde Meyssan qui ait été l’un des premiers à allumer la mèche.

Je commencerai par évoquer d’une traite les points communs portés à la connaissance du public à l’époque où chacun de ces attentats s’est produit, lesquels se sont peut-être estompés de sa mémoire après toutes ces années. Cela servira de point de départ à une série de rapprochements édifiants et qui, autant que je sache, n’ont jamais été faits par les grands médias, ni quiconque. Je tiens à prévenir de la manière la plus solennelle le lecteur qu’il pourrait être choqué par ce qu’il va découvrir, et les conclusions que j’ai été obligé d’en tirer.

Je lui promets tout de même, inestimable compensation, qu’il disposera de tout l’arsenal intellectuel pour détecter à coup sûr à l’avenir ce qu’on appelle communément la signature d’Al Qaida.

Scénario des trois attentats

A l’instar des plus grands artistes, et des politiques les plus expérimentés, les terroristes d’Al Qaida manifestent à un degré extraordinaire le sens de la mise en scène, et s’y entendent à merveille pour instiller la terreur dans l’esprit de leurs ennemis. Les trois attentats ont touché les capitales de pays qui passent pour de grandes puissances et des ennemis, de bon droit ou par la force des choses, de l’Islam et du monde musulman. Leurs dates semblent avoir été choisies avec soin : s’il est difficile de trouver le lien pour les attentats de New York (si l’on omet le rapport du PNAC déposé neuf jours après les attentats sur le bureau du président, mais j’ai démontré au chapitre 7 que c’était une fausse piste), il est évident pour ceux de Madrid, déclenchés trois jours avant des élections législatives, et ceux de Londres, le lendemain de la désignation de la ville pour recevoir les jeux olympiques de 2012. Tous trois ont mis en œuvre des explosions multiples. Ce sont quatre avions qui ont été transformés en missiles à New York et Washington, trois rames de métro et un autobus qui ont été pris pour cibles à Londres, et quatre wagons qui ont été éventrés par pas moins de dix bombes à Madrid. Dans les trois cas, les terroristes ont redoublé le caractère spectaculaire de la date, de la cible, en mettant au point un scénario machiavélique propre à frapper l’imagination. C’est presque dans la même minute que les dix bombes explosent à Madrid, que trois des quatre bombes explosent dans les rames de métro à Londres, et quant aux événements de New York et Washington, c’est une prouesse admirable que d’avoir synchronisé en l’espace de deux heures l’impaction de deux avions sur les tours jumelles, l’effondrement subséquent des deux édifices, et dans l’intervalle l’attaque du Pentagone et le crash du vol de Shanksville.

Les trois attentats ont été déclenchés à une heure matinale, afin de laisser toute une journée à l’angoisse pour instiller son venin dans les esprits. 7 h 37 pour Madrid. 8H 46 pour l’avion de la tour nord à New York. 8H50 pour Londres. C’est aussi cette heure matinale qui a permis aux autorités, mieux averties vous l’imaginez sur la nature de la signature d’Al Qaida que nous autres citoyens de l’ombre, d’avoir devant eux assez d’heures pour révéler l’identité de l’organisation terroriste responsable des attentats. A New York, George Tenet, le directeur de la CIA, livra le nom d’Al Qaida dès 15 heures. A Londres Ian Blair, le patron de Scotland Yard, dénonçait l’évident coupable le surlendemain, relevant que les attentats manifestaient « toutes les caractéristiques  » de la nébuleuse de Ben Laden. Aznar fut moins heureux dans son intuition en faisant peser le soupçon sur l’organisation basque ETA. Il était probablement moins informé que ses homologues, et obnubilé par le passé singulier de l’Espagne en matière de terrorisme ; il aurait été mieux inspiré de désigner immédiatement Al Qaida : en plus de toucher juste, il aurait selon toutes les estimations des sondages remporté les élections.

Avec le recul je me dis que c’est une heureuse coïncidence que les gouvernements étasuniens et britanniques aient été aussi prompts à dénoncer les coupables. Le public était encore saisi de stupeur lorsqu’il reçut ces déclarations de la part de ses dirigeants. Les circonstances étaient idéales pour qu’il engramme l’association entre Al Qaida et l’horreur qu’il avait encore fraîche à l’esprit. C’est dans les esprits une digue encore très efficace contre la marée montante de la pandémie conspirationniste.

Simulations d’attentats : quand la réalité rejoint la fiction

Le point commun secondaire le plus remarquable entre ces trois attentats est sans doute à chercher du côté des simulations d’attentats terroristes qui ont été effectuées dans les trois cas, soit simultanément, soit peu de temps auparavant. Les simulations d’attaques et d’attentats terroristes furent si nombreuses, le 11 septembre 2001, que je me borne à évoquer les plus remarquables. Vigilant Guardian était un exercice annuel de grande ampleur, impliquant des détournements d’avions par des pirates de l’air. L’exercice commença la semaine précédant les attentats et fut interrompu juste après que la deuxième tour soit frappée. Global Guardian était un exercice annuel impliquant en plus du NORAD, le « United States Strategic Command » et le « Space Command ». L’excerice initialement prévu pour octobre, fut cette année-là avancé d’un mois et, lui aussi, interrompu durant la matinée du 11 septembre. Le NRO Drill simulait le crach d’un avion de ligne détourné sur le QG de l’agence de renseignement du même nom à Chantilly, à 24 miles du Pentagone. La NRO est une agence peu connue du grand public puisque son existence ne fut révélée qu’en 1992. Pourtant son budget équivaut à celui de la CIA et du FBI réunis. Elle crée, construit, met en opération les nombreux satellites espions du gouvernement étasunien, et coordonne la récupération et l’analyse des informations des engins espions des services militaires de la CIA. A propos de cette simulation et de sa nature, le porte-parole de la NRO la qualifiera, par la suite, de « coïncidence étonnante  ». Du 10 au 14 septembre, se déroulait par ailleurs Northern Vigilant, un exercice de manœuvres conjointes avec la Russie, mettant en scène une confrontation entre des bombardiers russes et des chasseurs du NORAD du côté du Canada et de l’Alaska. Le 11 septembre aux alentours de 11 heures, constatant la tournure tragique prise par les événements à New York et Washington le président Poutine appellera son homologue pour mettre fin à l’exercice. Dans un tout autre genre, Tripod 2, prévu pour le lendemain, simulait une attaque bactériologique avec les souches de la peste bubonique. Il prévoyait l’installation d’un vaste centre de contrôle et de commandement dans le haut Manhattan, à l’exemple du Bureau de gestion des situations de crise (OEM), qui était situé dans la tour WTC 7.

Les exercices impliquant le NORAD, eurent pour effet de réduire le nombre de chasseurs disponibles, de multiplier les signatures fantômes sur les écrans radars, et de désorienter les techniciens chargés de suivre le trafic aérien. Quant à la simulation de crach sur le QG de la NRO, il eut celui de rendre momentanément aveugle le système d’observation depuis l’espace, les 3000 employés de l’agence ayant été forcés, 16 minutes après l’impact du vol AA11 sur la tour nord, de quitter leur poste dans des conditions rocambolesques, pour être ensuite renvoyés chez eux pour la plupart. Seul Tripod 2 constitua, si l’on peut dire, une sorte de coup de chance : quoique l’exercice fût prévu pour le lendemain, le site avait été préalablement organisé pour abriter un centre de gestion de crise et de premiers secours, et les hommes de la FEMA étaient présents en masse depuis plusieurs jours. Ainsi les autorités de New York purent-elles disposer le jour du 11 septembre d’un OEM de circonstance devenu providentiel après que celui de la tour 7 eut été rendu inaccessible par les incendies qui ravageaient la tour WTC 7 (voir chapitre 3).

On comprend sans peine que les capacités de réaction des États-Unis furent fortement diminuées par cette pléthore de simulations intervenant au même moment.

Le même phénomène se répéta à Londres. Peter Power, manager en chef de la société Visor Consultant, avait prévu dans le matin même des événements, pour une entreprise dont il est obligé de taire le nom pour des raisons de déontologie, une simulation d’attentats terroristes impliquant pas moins de mille personnes. L’exercice prévoyait des explosions simultanées dans trois stations de métro, qui n’étaient autres que les cibles effectives des terroristes. L’exercice commença au moment où les premières explosions survinrent dans la réalité : toutes les personnes qui participaient à la simulation furent littéralement stupéfiées.

Dans le cas de Madrid, les simulations n’intervinrent pas simultanément, mais les jours précédents. C’est du 4 au 10 mars que se déroulait l’exercice de gestion de crise annuel de l’OTAN. On ne connaît que les grandes lignes du scénario auquel participèrent pas moins de 19 nations membres de l’alliance, pour des raisons évidentes de secret défense, mais le peu qui en a filtré est édifiant : le journal El Mundo rapporte que « la similitude du scénario élaboré par l’OTAN avec les événements survenus à Madrid fait froid dans le dos, et qu’elle a impressionné les diplomates, militaires et services de renseignements qui ont participé à l’exercice à peine quelques heures plus tôt. »

Il est déjà difficile de concevoir qu’une telle coïncidence survienne, ne serait-ce qu’une fois. Quand elle se produit pour trois attentats signés par la même organisation, elle devient une impossibilité statistique.

Cette coïncidence semble impliquer que, dans les trois cas, les terroristes savaient à l’avance, non seulement la date, mais aussi le scénario des simulations d’attentats. Non seulement ils auraient su faire montre d’une rare habileté en mettant au point des attentats d’une grande complexité, mais encore ils auraient accompli la prouesse admirable de synchroniser les attentats avec les simulations des agences de renseignement, et de calquer leur scénario sur celui mis au point par ces mêmes agences ! Ce fait extraordinaire, que je tenais à mettre sur le devant de la scène en premier, m’amène à avancer la thèse effrayante, et jamais explorée par les agences de sécurité elles-mêmes, de l’infiltration de ces dernières par des taupes d’Al Qaida. D’autres points communs secondaires semblent malheureusement confirmer cette thèse au-delà de mes pires craintes. J’évoquerai d’abord la présence d’agents doubles à la marge et au cœur de chacun de ces trois attentats, puis la destruction d’éléments de la scène du crime dans les jours suivants.

Des terroristes liés aux agences de renseignement.

La collusion d’Al Qaida avec la CIA est bien connue. A ses débuts, Ben Laden, comme le souligne Milt Bearden, était une créature de la CIA, qui l’avait armé et entraîné, avec d’autres Moujahidines, pour bouter hors du sol afghan l’envahisseur soviétique. L’agence de contre-espionnage commit ensuite l’erreur de se désintéresser de la région une fois l’objectif atteint. Certains combattants, se perdant probablement dans une oisiveté pour laquelle ils n’étaient pas faits, ont pour ainsi dire mal tourné : ils se sont retournés contre la main qui les avait dressés et se sont abîmés dans les utopies de l’islamisme radical. Le plus fameux d’entre eux, Ben Laden, a mis sur pied une légion de combattants terroristes et organisé les attentats des ambassades américaines à Nairobi et Dar-es-Salam en mars 98. Je suis persuadé qu’il a gardé des contacts avec des taupes des agences de renseignement qui ont pu lui fournir régulièrement des informations cruciales. Je ne m’explique pas autrement qu’il soit parvenu à se faire soigner dans l’hopital américain de Dubaï du 4 au 14 juillet 2001, soit deux mois avant le déclenchement des attentats du 11 septembre, et que par ailleurs il ait pu, lors de ce séjour, rencontrer et s’entretenir avec le responsable local de la CIA ! Et ce “problème Ben Laden” n’est pas le seul point trouble de l’affaire : on peut s’interroger sur la présence du chef des services de renseignement pakistanais (l’ISI) aux côtés de son homologue de la CIA à New York au cours de la semaine précédent les attentats, et le versement par ces mêmes services de renseignement de la somme de 100000 dollars sur le compte de Mohamed Atta dans la même période ; on peut de même se demander comment Khalid Sheikh Mohamed, le cerveau des attentats du 11 septembre, qui a avoué sa culpabilité après avoir subi le supplice de la baignoire à 183 reprises, a bien pu obtenir un visa pour les États-Unis quelques semaines avant le 11 septembre 2001 alors qu’il était activement recherché pour le premier attentat du World Trade Center de 1993, et celui de l’USS Cole en 2000.

Haroun Rachid Aswat, le cerveau présumé des attentats de Londres, fut recruté à la fin des années 90 par les services secrets britanniques (le fameux MI6), pour intégrer la cellule Al Mouhajiroun, laquelle était chargée de défendre les droits des musulmans au Kosovo. L’ancien procureur du département de la justice des Etats-Unis et expert en terrorisme, John Loftus, déclare sans ambiguïté que c’est un agent double. Le cas de ce terroriste fut un sujet de discorde pendant des années entre le MI6 et la CIA ; la CIA n’avait pas une grande confiance en Aswat puisqu’elle l’avait arrêté en 1999 alors qu’il tentait avec quelques acolytes de monter un camp d’entraînement terroriste dans l’Oregon. Déterminée à le mettre derrière les barreaux jusqu’à la fin de ses jours, elle eut néanmoins la faiblesse de l’expulser vers l’Angleterre à la demande instante du MI6 qui désirait absolument récupérer l’un des siens. A cette époque Aswat était pourtant déjà fiché comme extrêmement dangereux. A plusieurs reprises par la suite, Aswat, repéré, bénéficiera de la même mansuétude de la part de son ancien mentor. Quand il embarqua la veille des attentats de Londres pour le Pakistan, il ne se trouva personne pour l’arrêter à l’aéroport. Arrivé là-bas, il fut tout de même arrêté par les services pakistanais, mais ici aussi il avait apparemment conservé des contacts utiles puisque dans les 24 heures (les attentats venaient de se produire !) il était relâché et pouvait s’embarquer vers l’Afrique. C’est finalement 15 jours plus tard, qu’Aswat, arrêté en Zambie, fut extradé vers Londres à la demande des autorités qui avaient fini par admettre, après toutes ces péripéties, que c’était un agneau nourri à leur mamelle qui avait monté l’opération destinée à les frapper au cœur. Le malaise était encore trop grand pour les autorités britanniques qui eurent la lucidité d’extrader le coupable vers les Etats-Unis, pour laisser à leurs homologues Outre-Atlantique le soin de le juger, finalement, pour son affaire de camp terroriste dans l’Oregon.

Dans ce que j’ai pu en lire dans les comptes rendus de l’enquête en 2008 et les quotidiens espagnols comme le journal El Mundo, ce ne sont pas moins de quatre des membres du commando qui peuvent être rattachés à des services de police et de renseignement. Emilio Suarez, seul espagnol incriminé dans cette affaire, était un indicateur de la police nationale. C’est lui qui a fourni l’explosif qui a servi à la confection des treize bombes. Rafa Zuher, qui remplit le rôle d’intermédiaire entre Suarez et le commando terroriste, fournissait des tuyaux à la garde civile à Madrid. Tous deux les aidaient plus généralement sur des affaires de stupéfiants. Plus incroyable encore, selon un rapport , “Mohamed Afallah, et Saïd Berraj, deux des principaux membres de la cellule islamiste terroriste qui a organisé les attentats de Madrid, le 11 mars 2004, ont travaillé pour les forces de sécurité de l’État.” Le premier était connu. Tout en étant les hommes de confiance de Allekema Lamari, le chef militaire du commando terroriste et de Serhane Abdelmajid Fakhet, le Tunisien, l’idéologue du groupe islamiste, Afalah et Berraj étaient aussi connus dans les milieux policiers et les services secrets comme « le Chauffeur » et le « Messager”. Il est par ailleurs des plus troublants que le premier se soit évanoui dans la nature deux jours avant les attentats, à l’instar de son compère Aswat à Londres, et que le second en ait fait de même le lendemain de l’événement qui mit fin à la psychose en Espagne, à savoir le suicide collectif le 3 avril, de sept des poseurs de bombe maghrébins dans leur villa de Léganes où ils avaient trouvé refuge. Ce dernier épisode dramatique, et pour tout dire un peu flou, pour ce que j’ai pu en lire, empêcha d’ailleurs par la suite de savoir précisément qui avait posé quoi et où, et donc de reconstituer le scénario des attentats.

Destructions d’éléments d’enquête

Ceux qui ne seraient pas encore convaincus de l’infiltration des services de renseignement par des taupes d’Al Qaida auront les plus grandes difficultés à donner l’interprétation correcte d’un troisième élément des plus troublants : comment se fait-il que, de la façon la plus avérée, des éléments de la scène du crime aient été retirés et détruits dans les jours suivant les attentats ? Nous manquons de données pour les attentats de Londres, mais pour Madrid, New York, et Washington, cela ne fait pas l’ombre d’un doute.

Si l’on en croit un article du New York Times daté du 6 mars 2002, la gestion de la scène du crime à Ground Zero et sur le site de la tour WTC 7 a été l’objet de très graves irrégularités. Rapportant l’audition de la chambre des députés qui avait lieu le même jour, le quotidien fait observer : « L’administration Giuliani a commencé d’envoyer l’acier du World Trade Center à la casse avant que les enquêteurs ne puissent l’examiner et déterminer si il pouvait comporter des indices essentiels, concernant notamment la façon dont les tours s’étaient effondrées. L’équipe de la FEMA ne fut pas autorisée à accéder au site de Ground Zero pour collecter d’éventuels indices cruciaux dans la semaine suivant l’attaque, et n’a pu examiner les plans du World Trade Center avant le mois de janvier, délai que les députés trouvent inconcevable. » Les lecteurs qui ont lu le chapitre 2 relatif aux prétendus délits d’initiés se souviennent par ailleurs peut-être que les éléments d’enquête relatifs à cette affaire ont eux aussi mystérieusement disparu. Pour ce qui touche aux attentats de Madrid, Les quatre wagons éventrés par les bombes, comme le soulignent à regret les magistrats espagnols en charge de l’enquête, ont été détruits dans les deux jours suivant les événements (voir page 476 du Verdict)

Ces faits d’une incroyable portée ont été sagement occultés par les grands médias, qui manquaient du cadre conceptuel pour les interpréter correctement. Chacun sait que la destruction des éléments d’une scène du crime est un délit de la plus extrême gravité. Quand une telle chose se produit, on peut être certain de l’existence de taupes à des postes clé. Les médias et les enquêteurs n’auraient pas dû se faire leurrer par le fait que la plupart des terroristes étaient tous morts ou suicidés et approfondir cette piste qui, selon moi, doit mener infailliblement à l’arrestation des taupes. Il arrive parfois que les enquêteurs passent à côté des preuves qui sont le plus en évidence, et qui ne demandent aucun effort pour être relevées, sinon celui d’un balayage du regard. Je comprends que dans des affaires aussi uniques et complexes, les enquêteurs, mis sous pression, et sollicités de toutes parts, aient manqué quelques “portes ouvertes” de cette espèce ; maintenant, j’estime qu’il serait temps de s’y engouffrer. Au fond de chaque couloir, on trouvera infailliblement un tentacule gluant de cette pieuvre islamiste qui a fait tant de mal sur la terre. Puissent les taupes, ce jour-là montrer la même tête hirsute, sale, et défaite, que celle de Saddam Hussein, le jour où on le débusqua du trou à rat où il avait trouvé refuge.

Il existe d’autres points communs secondaires dans ces affaires que je ne peux évoquer qu’en passant. J’attire notamment l’attention sur les rétentions d’images prises par les caméras de surveillance à Londres ou à Washington, dont on se demande finalement à quoi elles peuvent bien servir si c’est pour être inutiles dès lors qu’il s’agit d’affaires d’une importance suprême. Si on appelle le Rwanda le “pays des mille collines”, on devrait appeler les États-Unis et l’Angleterre, les “pays au milliers de caméras”.

Je n’imaginais absolument pas, en commençant cette étude, me retrouver à émettre des hypothèses aussi dérangeantes. Oh, je n’ai pas le moindre point commun avec les conspirationnistes. Comme eux je soupçonne très fortement les agences de renseignement d’être infiltrées par des taupes, mais pour moi ces taupes ne peuvent être que des éléments d’Al Qaida, en aucun cas des membres étasuniens d’une organisation secrète en train de jeter les bases de je ne sais quel “Nouvel Ordre Mondial” ! Cette différence nous place irréductiblement dans des camps qui ne se rencontreront jamais. Ici, dans ces pages, le bon sens ; là, dans les sites web dévoyés, le délire complet. Ici le soutien confiant à l’establishment, là une méfiance malsaine et suspecte envers ce dernier.

Dans tous les cas, j’espère que le lecteur m’accordera d’avoir caractérisé plus précisément que cela n’a jamais été fait ce que j’appelais au début de ce chapitre la signature d’Al Qaida. Les points communs, de premier ou de second plan, sont trop nombreux et concourants pour laisser le moindre doute.

Mise à l’épreuve de ma démonstration : le vol Amsterdam/Detroit

Il m’est arrivé à plusieurs reprises en écrivant ce chapitre de me demander, si, en livrant pour la première fois un aussi grand nombre de faits étonnants en pâture à la curiosité du public, je n’allais pas finalement donner plus de grain à moudre aux conspirationnistes qu’à ceux qui les combattent. Un événement est survenu depuis qui m’a rasséréné dans ma démarche : je suis parvenu, dans la journée et avant même la revendication, grâce à la connaissance qui est désormais la mienne de la signature d’Al Qaida, à déterminer la responsabilité de l’organisation terroriste dans la tentative d’attentat “à la culotte piégée” du vol Amsterdam Detroit. Belle performance, vous l’accorderez, pour un néophyte qui n’est même pas journaliste ! Je ne regrette donc pas d’avoir pris tous ces risques, et suis particulièrement heureux de pouvoir terminer sur un épisode qui semble légitimer l’audace de ma démarche.

Que le lecteur en juge par ce rapide résumé, qui comprend les éléments rendus publics les jours suivants. Sa date a été soigneusement choisie, le 24 décembre 2009, soit le jour de Noël. C’est à l’aéroport d’Amsterdam, capitale importante de la vieille Europe, que sont survenus les dysfonctionnements qui ont permis au terroriste d’embarquer. Il est parvenu à embarquer sans passeport. Nous ne disposons d’aucune image des nombreuses caméras de surveillance de l’aéroport, qui ont été classées secret défense. Trois jours après l’événement, Al Qaeda dans la péninsule arabique en revendiquait sans ambiguïté la paternité, permettant aux États-Unis d’identifier le Yemen comme le nid de terroristes qu’il est certainement, en attendant, je l’espère, comme pour l’Afghanistan et l’Irak, une invasion dans les plus brefs délais de ce danger pour les démocraties.

Certains estimeront peut-être que j’aurais pu choisir un événement plus récent et spectaculaire. Je songe par exemple à la tentative d’attentat déjouée il y a quelques semaines, dans laquelle des séides de Ben Laden se proposaient de faire exploser simultanément des bombes en Allemagne, en Angleterre, et en France… tant pis, ce sera pour une autre fois. L’important était de mettre en évidence la signature d’Al Qaida, pour la rendre reconnaissable entre mille. Cette nouvelle connaissance, j’en suis certain, sera d’une utilité infinie le moment-venu, si d’aventure les menaces récemment proférées par Ben Laden à l’encontre de notre beau pays, venaient à se concrétiser.

Conclusion

Ce chapitre a pu paraître par moments sévère envers l’establishment, moins conciliant en tous cas que la plupart de ceux qui l’ont précédé. Loin de moi cependant l’idée d’accuser les gouvernements des puissances occidentales de laxisme. Ces derniers, au contraire, après chaque événement, malgré les taupes infiltrées en leur sein, ont mis en place avec une célérité exemplaire les coûteuses mais indispensables mesures de contrôle de la population qui s’imposaient. J’en donnerai trois exemples : aux États-Unis, le Patriot Act promulgué le 26 octobre 2001, en créant, entre autres, les statuts de combattants illégaux, ou de combattants ennemis, permet depuis cette date au gouvernement des États-Unis de détenir sans limite et sans inculpation toute personne soupçonnée de projet terroriste, et de perquisitionner chez les citoyens en leur absence et sans leur accord. En Europe, on peut relever, suite aux attentats de Madrid, l’accélération par les états membres de la mise en place du mandat d’arrêt européen, lequel permet une remise presque automatique, par un État membre, d’une personne demandée par une autorité judiciaire d’un autre État membre[1]. Par rapport aux procédures d’extradition, ce mandat, que les états rechignaient à mettre en place, supprime tous les contrôles politiques et judiciaires portant sur le fond et la légalité de la requête, ainsi que les recours possibles contre celle-ci. Un Patriot Act à l’européenne, en quelque sorte. Suite à l’attentat du vol Amsterdam/Detroit « à la culotte piégée », il n’a pas fallu longtemps avant que la plupart des gouvernements des pays démocratiques, terrorisés par cette tentative d’attentat des plus surprenantes, décident dans la foulée de se doter des fameux scanners corporels qui auraient pu démasquer le jeune nigérian qui avait caché la bombe dans son slip.

Les autorités n’ont donc pas été laxistes. Elles font de leur mieux pour agir dans le bien de tous, surtout aux États-Unis d’Amérique, qui tout de même se sont fendus de deux guerres depuis, à la seule fin « d’étendre les zones de paix démocratiques » . Les éléments attestant la présence de taupes d’Al Qaida dans différentes agences de renseignement, demeurent un fait indiscutable et de premier ordre. Ainsi informés, je ne doute pas que les gouvernements mettront aussi peu de temps à débusquer les taupes qu’ils n’en ont mis à promulguer le Patriot Act et le mandat d’arrêt européen.

La cinquième colonne est bien en vue et à portée de tir : il ne reste plus qu’à faire feu.

Donald Forestier

co-écrit avec Charles Aissani, sous le pseudonyme de Donald Forestier, publié sur le site Agoravox le  30 octobre 2010.

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