Il y a un an j’ai publié sur ce site mon livre « J’accuse la pandémie conspirationniste » au rythme d’un chapitre par semaine. Les lecteurs attentifs auront peut-être remarqué qu’il en manquait deux dans la seconde section : celui sur les pompiers et les familles de victime remettant en cause la version officielle, et celui évoquant les états d’âmes des membres de la commission Kean Hamilton. Le premier chapitre se divisera en deux articles. Voici le premier traitant des pompiers.
Nota Bene : Donald Forestier est un auteur fictif inventé pour imiter le style des apôtres de la version officielle des attentats du 11 septembre 2011 dans les grands médias
Les attentats du 11 septembre 2001 sont de très loin les attentats plus meurtriers de toute l’histoire. Au total ce sont près de 2986 citoyens de 30 nationalités différentes qui ont péri en cette journée funeste.
On n’a retrouvé que 293 corps complets ; plus de 1500 personnes ont pu être identifiées à partir de 20 000 fragments de bouts d’os et de tissus, dont des centaines seront retrouvés en 2006 sur le toit de la tour de la Deutsche Bank située à un jet de pierre de la tour sud. 1151 personnes ont disparu sans laisser la moindre trace.
Ces chiffres impressionnants témoignent à la fois de l’immensité du désastre, et de la violence inouïe de l’effondrement des tours. Je veux me joindre, avant de commencer ce chapitre, aux familles qui ont perdu des proches en cet événement de basculement. Je m’associe en pensée à leur douleur et à leur deuil, et partage leurs prières quelle que soit leur confession religieuse. Où que soient les victimes du 11 septembre, qu’elles reposent en paix.
A présent je me sens un peu mieux, plus serein. Aucun chapitre de cette étude ne m’a posé un cas de conscience plus aigü, et je tenais à me mettre un peu en condition. Si certains ont été choqués par tel ou tel des morceaux précédents, j’ai peur, malheureusement, d’élever leur indignation à un cran encore supérieur dans ce nouveau chapitre. Il peut en effet paraître scandaleux que je tienne à faire le procès des associations de citoyens sans compétence particulière comme les familles de victimes et les pompiers demandant la réouverture d’une enquête sur les attentats du 11/09. On ne parle pas, comme au chapitre précédent, de spécialistes, comme Richard Gage ou Sibel Edmonds, qui ont vécu les événements de loin et ne sont entrés dans la ronde conspirationniste que des années plus tard, mais de ceux qui ont été touchés dans leur chair au plus profond d’eux-mêmes. La pudeur aurait pu me retenir d’en parler, mais comme nous avons là affaire, avec les deux associations de pompiers et de familles de victimes, aux deux fers de lance de la pandémie les plus redoutables, j’aurais péché par faiblesse, manque de cran, si j’avais oublié de jeter avec les autres ces deux sacs poubelles dans la benne.
La morale de l’histoire n’est pas en effet celle que tout le monde connaît. Un deuil, aussi immense soit-il, ne doit pas servir de prétexte à des combats politiques honteux et hors de propos. C’est bien de pleurer, ça soulage, mais c’est mal de détourner ses larmes pour son profit personnel. Les larmes ne sont ni une monnaie d’achat, ni un moyen de pression. Quand on sort du cimetière il faut retrouver ses esprits, et savoir rester digne, et discret.
Autant de principes que n’ont pas respectés les deux associations de secouristes et de familles de victimes, et dont je veux dénoncer les abus et errances dans ce chapitre.
Sommaire
L’association des secouristes du 11 septembre
J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer les pompiers du 11 septembre dans le chapitre 3 sur la tour WTC7, le comportement douteux de certains d’entre eux, leur refus d’obéir aux ordres d’évacuation, leur comportement excessivement téméraire, « à la John Wayne », leur vanité démesurée en raison de la présence de caméras, leurs témoignages la plupart du temps bancals… C’est néanmoins une belle épine dans le pied de l’establishment étasunien, que l’association des Fire Fighters for 9-11 truth montée en août 2008 par Erik Lawyer et demandant la réouverture d’une enquête. Certes les pompiers sont la corporation, qui, avec 343 soldats du feu engloutis en faisant leur devoir, a payé le plus lourd tribut humain dans ces événements tragiques. L’esprit de sacrifice dont ils ont fait montre ce jour-là suscite encore aujourd’hui l’admiration universelle. Pour avoir été dans les tours, parfois jusqu’au point d’impact des avions, ce sont les témoins les plus proches et les plus directs de ce qui se passait dans les tours entre l’impact des avions et leur effondrement. Leur association par ailleurs ne regroupe pas une minorité des secouristes ayant participé au déblaiement du site de Ground Zero, mais une majorité d’entre eux.
Bref, non seulement les pompiers du 11 septembre disposent d’un crédit de compassion considérable, mais en plus leur témoignage a une portée qu’il est impossible d’éluder.
Comme les architectes et ingénieurs fédérés autour de Richard Gage, les secouristes de l’association des Fire Fighters for 9-11 truth prétendent que les trois tours n’ont pas été détruites des suites de l’impact des avions et des incendies, mais du fait d’une démolition contrôlée. Leurs porte-parole participent souvent à des conférences conjointes avec leurs collègues en col blanc.
Voilà comment ils étalent leur doutes sur la pétition qu’ils ont mise en ligne sur leur site : « Au nom du peuple des États-Unis, nous soussignés pompiers pour la vérité sur le 11 septembre et affiliés, sommes profondément troublés par la version « officielle », et la façon dont les secouristes de Ground Zero ont été oubliés.
Nous pensons qu’il existe des preuves accablantes d’obstruction de la justice, de destruction d’éléments de la scène du crime, dénoncée par les commissionnaires eux-mêmes. Le sénateur Cleland a démissionné de la commission en déclarant : « l’enquête est à présent compromise. »
Un peu plus loin ils posent l’hypothèse de l’utilisation d’ « accélérateurs exotiques » pour expliquer l’effondrement. Entendez : des explosifs et de la nanothermite.
Ils formulent pour finir une série de demandes parmi lesquelles : la réouverture d’une enquête indépendante sur les attentats du 11 septembre, l’examen de l’hypothèse d’une destruction des immeubles au moyens d’ « accélérateurs exotiques », des poursuites judiciaires contre ceux qui dans l’appareil d’état auraient fait obstruction à l’investigation ou auraient contribué à la destruction des preuves, enfin, l’application de la loi Zadroga.
Cette loi, votée en décembre 2010 dans des circonstances que je détaillerai plus loin, prévoit l’octroi, pour les secouristes ayant participé au déblayage du site de Ground Zero, un fonds d’indemnisation pour les maladies qu’ils auraient contractées lors de ces opérations ingrates mais nécessaires. Nous touchons là un point très polémique de l’affaire : non seulement dans les pompiers nous avons la corporation qui a payé le plus lourd tribut humain dans l’effondrement des tours, mais, à l’occasion des opérations de déblayage du site, nombre d’entre eux auraient été empoisonnés par l’air ambiant chargé de poussière toxique. Beaucoup seraient en train de mourir à petit feu du fait d’une exposition prolongée aux effluves toxiques émanant des décombres de Ground Zero. L’administration Bush serait coupable pour avoir garanti l’innocuité du cocktail de poussière dès les premiers jours, et freiné des quatre fers pour accorder des indemnités aux pompiers malades ou mourants dont beaucoup seraient dans l’incapacité de financer leur traitement.
J’ai déjà débunqué les hypothèses de la nanothermite et de la démolition contrôlée dans les chapitres 3 et 4. Je ne m’appesantirai donc pas sur ces éléments de controverse. Deux points maintenant me semblent d’une urgence absolue à traiter, en terme de debunking : les témoignages d’explosions qui ont tant fait jaser dans les chaumières des truthers, et, surtout, les prétendues maladies professionnelles des secouristes du 11 septembre.
Les témoignages d’explosion
Il existe de nombreux enregistrements de témoignages audio ou vidéo faisant état d’explosions dans les tours avant leur effondrement. Ces témoignages, au nombre d’une grosse centaine, émanent de pompiers, de journalistes, ou de citoyens qui se trouvaient là par hasard.
Je commencerai par répéter (ce que doit commencer faire tout bon journaliste qui veut se faire une idée définitive sur ces questions ardues) l’argumentaire lucide auquel recourt le scientifique Jérôme Quirant dans un courriel au conspirationniste Charmord publié sur le forum de reopen911 : « Les témoignages humains ne sont pas des preuves surtout dans ces conditions de catastrophes. La première démarche du scientifique est JUSTEMENT DE LES ÉCARTER… On connaît tous l’histoire de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours… Les légendes entourant la journée du 11 septembre sont largement au-dessus de toute rationalité… Pour ce qui est des bruits de démolition contrôlée, il faudrait organiser un pèlerinage pour ceux qui croient à cela pour voir quel est le bruit que créent ces explosions. »
Je me joins absolument à cette analyse qui suffit à expliquer un ensemble de questions litigieuses soulevées par les truthers : comment se fait-il que pendant 5 ans l’administration de Michael Bloomberg, le maire de New York, ait refusé catégoriquement de rendre publics les témoignages d’explosions ? Comment se fait-il, mieux, qu’elle ait refusé de communiquer ces enregistrements aux membres de la commission d’enquête Kean Hamilton, puis aux enquêteurs du NIST qui avaient été mandatés pour expliquer les effondrements des trois tours ? Ces centaines de témoignages ne valant guère mieux, pour détourner une expression heureuse de M Quirant, « que ceux faisant état d’une sardine bouchant le port de Marseille », il est facile de comprendre que c’est par professionnalisme, et souci d’épargner aux commissionnaires de longues et inutiles tergiversations, qu’ils ont maintenu si longtemps secrets ces enregistrements. Le Fire Comissioner Nicholas Scoppetta invoque deux autres arguments à l’appui de cette thèse : un que, Zacarias Moussaoui ayant pu disposer de ces enregistrements pour la préparation de son procès, ce procès aurait été annulé s’ils avaient été rendus publics ; deux que leur dévoilement constituerait une violation de la dignité de ces héros tombés au champ d’honneur, et plongerait de nouveau dans la détresse leurs proches éplorés. A vrai dire, pour être honnête, même après avoir creusé je ne comprends pas trop le premier argument, mais le second, en plus d’être parfaitement convaincant, montre avec éclat les profondes qualités humaines de quelqu’un comme M Bloomberg.
Ces explications n’ont malheureusement pas suffi. Menacée de procès par certaines familles de victimes, la ville de New York a été finalement contrainte de dévoiler certains enregistrements en 2005. Je ne surprendrai pas mon lecteur en lui révélant que ces témoignages n’apportent aucun grain à moudre aux truthers, rien de plus en tous cas que ceux déjà révélés par le Times par des canaux non officiels. Enfin s’il veut s’en faire une idée par lui-même, en voici trois, extrait d’un dossier conspirationniste intitulé « Collapse ». Un dit : « Alors que nous regardions le bâtiment, ce que j’ai vu, c’était comme si les 4 côtés du bâtiment explosaient. Nous avons réellement entendu les « pops », dans les bâtiments. » Un autre : « J’ai pensé que les terroristes avaient installé des explosifs quelque part dans le bâtiment. C’était aussi fort que çà, des claquements d’explosifs. » Un autre : « Soudain il y a eu un autre boom sonore aux étages supérieurs, et il y a eu une série de petites explosions qui semblaient faire le tour du bâtiment, aux étages supérieurs. Et un autre souffle venant du sol, avec une grosse boule de feu qui crachait beaucoup de débris. »
Certes, on doit faire confiance aux pompiers qui sont habitués à pénétrer dans toutes sortes de brasiers, qui savent faire la différence entre une explosion et une vitre qui pète, et sur les 118 témoignages déclassifiés la plupart semblent aller dans le même sens. Mais il faut avoir bien en tête le caractère exceptionnel de la situation. Jamais les pompiers ne s’étaient retrouvés sur un terrain de jeu aussi immense, il y avait toutes ces caméras et tous ces appareils photos… Il me semble donc évident que les pompiers ont été victimes d’une hallucination collective, du type de celles que C. G. Jung décrit dans son livre sur les ovnis pour expliquer les visions collectives de soucoupes ou de cigares volants. Remarquez au passage comment ils gesticulent sur certaines vidéos, en faisant de grands mouvements des bras, comme s’ils voulaient mimer par des gestes ce qu’ils seraient incapables de faire avec des phrases.
D’autres faits encore plus incroyables doivent nous amener à reconnaître que les pompiers du 11 septembre n’avaient décidément pas les yeux en face des trous : on dispose de l’enregistrement audio du témoignage de deux pompiers au moment où ils atteignent le 78ème étage de la tour nord. Que dit-il ? « Nous avons deux foyers d’incendie isolés ; faites monter deux lances : nous devrions être capables de les réduire avec deux lances » Les pauvres hommes seront emportés dans l’effondrement de la tour qui survient quelques minutes plus tard. Rendez-vous compte ! Alors que l’incendie était forcément gigantesque (nous sommes quelques étages en-dessous du point d’impact), l’homme prétend ni plus ni moins qu’il est pratiquement éteint, et qu’à la limite quelques seaux d’eau suffiraient à l’éteindre ! Ce fait est évidemment impossible au vu des conclusions sans appel du rapport de la commission Kean Hamilton et de ceux du NIST, qui énoncent que ce sont les incendies, et les incendies seuls qui ont entraînés l’effondrement des trois tours. On est obligé de conclure que les deux hommes nageaient en plein délire, puisqu’ils ne sentaient ni ne voyaient les flammes incandescentes qui forcément les environnaient de toutes part.
On doit également noter l’utilisation abusive de chalumeaux oxy-ethylène par les pompiers : en effet on voit, sur certains segments de poutres jaillissant des ruines des tours jumelles, des traces nettes de découpage réalisées à l’aide de cet instrument.
Lorsque certains truthers, pour expliquer l’existence de plaques de métal en fusion dans les décombres du site, invoquent l’hypothèse de la démolition contrôlée au moyen d’accélérateurs exotiques, Jérôme Quirant les rappelle à la raison en expliquant que cela ne peut être que la résultante de l’utilisation de tels chalumeaux. Il en donne la raison sur son site de debunking bastison.net : certaines poutres pour être évacuées plus facilement ont été découpées au chalumeau oxy-éthylène, et quant aux concentrations de lave plus volumineuses allégués par certains témoignages, il s’agit certainement (pas besoin d’imaginer une autre hypothèse) d’aluminium dont la température de fusion est beaucoup plus basse que celle de l’acier, et qui était présent en abondance dans le parement des tours. Maintenant, si c’est cela l’explication, alors nous sommes face à une énigme : comment se fait-il que sur certaines images on voit de la lave s’écouler à travers les fenêtres, près des points d’impact ? A quoi cela peut-il bien correspondre ? Les incendies avaient transformé les environs en fournaise, mais certainement pas au point de provoquer des écoulements de lave. Du reste on voit bien que la lave dans ce cas précis ne provient pas du parement, qui demeure intact, mais de l’intérieur de la tour.
Je sais que l’hypothèse semblera à certains tirée par les cheveux, mais à mon avis les suspicions doivent donc se tourner vers les seuls susceptibles de parvenir à un tel résultat : ça ne peut être que certains pompiers de New York qui, au lieu d’éteindre les nombreux foyers d’incendie, ont eu la riche idée de vouloir baptiser leurs énormes chalumeaux de compétition dont ils brûlaient de se servir ! L’identité des coupables demeurera malheureusement pour toujours un mystère : en effet l’immeuble s’effondre peu de temps après que l’on voit le filet de lave s’échapper de la fenêtre. Mais la responsabilité des pompiers sur ce coup-là de fait pas l’ombre d’un doute.
Sous cet éclairage inédit, je comprends tout à fait que les enquêteurs du NIST aient décidé de ne retenir aucun de ces témoignages, de la même façon qu’ils ont délibérément décidé de ne réaliser aucun prélèvement d’échantillon de la poussière des ruines… comme aucun explosif n’a été utilisé, il est inutile d’en chercher des traces, et tous les témoignages d’explosion sont des faux ou ressortissent à des hallucinations collectives.
La loi James Zadroga et la polémique des pompiers malades du 11 septembre.
Le vote de la loi James Zadroga en décembre 2010 fait de l’affaire des secouristes cancéreux l’aspect sans doute le plus vivant de la polémique qui s’est développée autour des attentats du 11 septembre. James Zadroga est un inspecteur de police qui a participé pendant 450 heures au déblaiement des décombres dans les semaines suivant l’attentat. Au bout de deux mois, l’homme commence à ne pas se sentir très bien : il crache ses poumons, et est pris de vomissements. Très inquiet, il se rend chez un médecin qui lui diagnostique une silicose des poumons, malheureusement incurable. D’ici 3 ans il sera aveugle, et dans 5 il mourra. Diagnostic correct puisque l’homme décède en 2006, à l’âge très vert de 34 ans. Persuadée que ce décès prématuré est lié au séjour du secouriste sur le site, la famille fait procéder à une autopsie et mène une action pour requalifier ce décès en maladie professionnelle directement liée à sa présence prolongée sur Ground Zero. Au terme de cette action, pour la première fois, le décès d’un secouriste de Ground Zero est lié à sa présence prolongée sur le site. Cette action débouche sur le vote de la loi James Zadroga en décembre 2010, qui ouvre la possibilité, dans l’attente des résultats d’une enquête médicale menée sur une vaste échelle, de débloquer une enveloppe de 7,4 milliards de dollars pour les personnes comportant des séquelles physiques découlant de leur implication directe dans les opérations de déblaiement sur le site de Ground Zero.
Le cas de James Zadroga ne serait en effet pas isolé. Selon John Feal, secouriste qui a perdu un pied sur le site de Ground Zero et qui a créé la Fondation Fealgood, dont la mission est de « faire prendre conscience et donner des éléments d’informations au public sur les séquelles catastrophiques dont souffrent les pompiers du 11 septembre », 51 secouristes du 11 septembre seraient déjà morts des suites de cancers prématurés, et uniquement des hommes jeunes n’ayant pas dépassé 40 ans. Certains documentaires de propagande récemment sortis semblent confirmer cette affreuse éventualité. L’un d’entre eux est particulièrement saisissant. Réalisé par deux de nos compatriotes, Xavier Deleu et Oriane Demeulin, les héros sacrifiés du 11 septembre met en scène un photographe présent sur le site au moment des attentats, qui depuis a pris fait et cause pour les secouristes. L’homme parcourt les États-Unis pour aller à leur rencontre, les interviouver et les photographier. Deux cas sont particulièrement impressionnants : celui de Franck Silechia, ouvrier du bâtiment qui a travaillé 10 mois sur le site. L’homme marche avec difficulté, parle avec lenteur, et le regard tourné vers l’intérieur, comme s’il n’était déjà plus de ce monde : « Avant je débordais d’énergie, j’étais fort comme un bœuf. Maintenant c’est terminé, je suis… je tombe en miettes, je me sens vide, je me sens inutile, pourquoi est-ce que j’existe ? Mon traitement est censé m’aider… je déteste le fait que les gens oublient le 11 septembre. Moi je n’oublierai jamais. Quant à moi, quand je mange, quand je bois, quand je dors, du matin au soir je pense au 11 septembre. J’ai sorti 47 personnes des décombres, j’y pense sans arrêt. J’ai des amis et des collègues qui souffrent des mêmes problèmes que moi, et ça me ronge. On ne reçoit pratiquement aucune aide du gouvernement fédéral. L’aide financière ça aussi ça me ronge… C’est un cauchemar sans fin pour moi. 3000 personnes sont mortes ce jour-là, et la liste continue de s’allonger. J’en ferai bientôt partie. C’est juste une question de temps. » celui de John Mc Namara, pompier ayant œuvré sur le site, aujourd’hui décédé : « J’aimerais que la ville reconnaisse… Ils nient encore que les cancers soient liés au World Trade Center. Ils ont peur d’admettre leur responsabilité. Question d’argent, j’imagine : ils ne veulent pas être poursuivis. (…) Sur le site je n’ai pas trouvé un seul ordinateur, un seul téléphone, une seule chaise, un seul bureau. Tout avait été pulvérisé, réduit en poussière, à néant. Quand on trouvait un fragment de corps, c’était un jour faste. (…) J’ai commencé à être malade en juin 2006. J’ai ressenti d’affreuses douleurs abdominales, j’ai été voir mon médecin. Il a remarqué des tâches sur mon foie et il a pensé au cancer du colon ; j’ai donc passé une coloscopie. La tumeur était si grosse que le coloscope ne pouvait pas passer. Elle bouchait presque tout. Le médecin a dit qu’il avait rarement vu de tumeur aussi virulente au niveau du colon. Mon ami Shawn avait lui une tumeur qui adhérait à sa colonne vertébrale, et son docteur lui a dit qu’il n’avait jamais vu une tumeur aussi virulente. En tout j’ai subi 4 opérations. Je suis une expérience vivante. Ils m’ont ouvert de part en part. On m’a retiré la moitié du foie, le côlon, la vésicule biliaire, un bout d’estomac, et la moitié du poumon gauche. Puis ils m’ont mis une pompe, tout ça en 10h30 d’opération. »
Les témoignages en eux-mêmes sont peut-être bouleversants mais il faut savoir garder la tête froide. Première remarque déjà, ces deux-là sont complètement contradictoires. l’un dit avoir trouvé 47 corps, l’autre dit qu’il n’a trouvé que des bouts de corps. Enfin, peut-être que Mc Namara n’avait pas la chance de se trouver dans un bon coin… Allez, sur ce point je leur laisse le bénéfice du doute…
Fait beaucoup plus solide maintenant, la mise en scène de l’ensemble du documentaire les héros sacrifiés du 11 septembre, comme celle d’une femme à abattre, que j’ai débunqué au chapitre précédent, me semble des plus sujette à caution. Dans le cas de Silechia, premier témoignage, nous avons de toute évidence affaire à un fétichiste, puisqu’il a gardé intact dans son jardin un 4*4 rempli de poussière de Ground Zero qu’il n’a pas lavé depuis l’époque. On voit par ailleurs, qu’en plus du cancer, il a été atteint de plein fouet par la pandémie conspirationniste puisqu’il suspecte au détour d’une phrase (bonjour le hors-sujet), le maire de New York d’avoir volé 219 millions de dollars sur le fonds d’indemnisation d’un milliard prévu pour les pompiers dans une loi précédente de 2010. Dans le cas McNamara, second témoignage, que dire de l’introduction dans laquelle on voit le photographe mitrailler l’ancien « héros » sous tous les angles, avec le casque de pompier rutilant et le fiston en bonne place sur les clichés ? Le plus choquant est peut-être ces courtes scènes où il demande à ses interlocuteurs moribonds, à des fins de manipulation de l’opinion, de poser à côté des dizaines de médicaments qui leur ont été prescrits disposés en pyramides évocatrices.
Ce genre de reportage permet d’entrevoir cet aspect particulièrement révoltant de la psychologie des pompiers du 11 septembre : la volonté de se mettre en avant à tout prix, de profiter du moindre rayon de soleil médiatique pour faire jaillir hors de terre les délétères mauvaises herbes de la pandémie conspirationniste.
Je n’imagine pas un instant que la représentation étasunienne puisse rester insensible à la détresse humaine en général, puisse laisser sur le bord de la touche des héros de leur patrie, comme les pompiers prétendent l’être avec la vanité qui les caractérise. Or dans cette affaire, ils ne veulent rien lâcher, rien reconnaître. « Que ces pompiers dévoyés aillent mourir en silence dans leur coin » semblent penser de nombreux députés et sénateurs, au vu de l’intransigeance de leur refus face aux demandes répétées des plaignants. Le lecteur s’en convaincra avec l’énumération suivante. Les sénateurs républicains ont fait obstruction à la loi Zadroga en décembre 2010, parviennent à ramener la somme de 7,4 milliards de dollars promise à l’origine aux secouristes à 4,3 milliards. En avril 2011, selon Anne-Mary Bowmann, vice présidente de l’association Fealgood, des experts médicaux viennent prendre le corps d’un pompier décédé sous les yeux de sa famille pour de nouveaux examens, alors qu’il allait être inhumé. Le but était de prouver que sa maladie n’était pas liée à son métier. Le même mois, est adopté un amendement à la loi Zadroga qui autorise le FBI à croiser les données personnelles de dizaines de milliers de secouristes prétendant bénéficier de la loi Zadroga avec son fichier anti-terroriste, afin de s’assurer qu’aucun membre d’Al Qaida ne se glisse dans cette clique de soupirants. Pour être indemnisés, ceux-ci devront impérativement communiquer ces informations à l’agence de renseignement. Enfin, dernier coup de théâtre, paraît en juillet 2011 un rapport s’appuyant sur plusieurs études médicales établit que « trop peu de preuves existent à l’heure actuelle pour que l’on propose d’ajouter le cancer, ou un certain type de cancer, à la liste des problèmes de santé liés au World Trade Center. », en conséquence de quoi tous les secouristes ayant contracté des cancers ne seront probablement jamais indemnisés au titre de la loi Zadroga.
Il est toujours intéressant dans une histoire d’entendre tous les sons de cloche, et de ne pas céder à l’émotion, qui oblitère si facilement le jugement. En l’occurrence, l’attitude intransigeante de l’establishment étasuniens montre bien que l’histoire des pompiers n’est pas très crédible. Dans le tas il doit bien y avoir un lot de vrais cancers, mais je frémis en imaginant la proportion d’hypocondriaques, de mythomanes, et de voyous, sans compter les agents d’al Qaida infiltrés dans cette cour des miracles pour abuser de la générosité du gouvernement.
A la limite, la seule faute qui m’apparaît imputable à l’administration W. Bush, comme le montre un rapport rendu public en 2003 par l’agence de protection de l’environnement (EPA), c’est d’avoir expressément demandé à sa directrice Christie Whitman, « d’ajouter des déclarations rassurantes, et de mettre en sourdine celles qui pouvaient être alarmantes » quant à la qualité de l’air respiré par les secouriste sur le site de Ground Zero. Ainsi voit-on cette dernière affirmer, quelques jours après les événements, que : « Les concentrations (de produits toxiques), sont telles qu’elles ne posent pas de problèmes de santé. Nous allons nous assurer que tout le monde soit en sécurité ». Il est malheureusement possible que deux ou trois pompiers un peu trop curieux s’étant penchés au-dessus d’un trou particulièrement toxique aient respiré quelques effluves pas très catholiques. Mais depuis la directrice de l’agence n’a-t-elle pas eu le courage, en 2003, de démissionner de son propre chef, pour se consacrer à sa famille, et ne pas plomber la campagne de réélection de George W. Bush ? Et la position responsable qu’elle avait prise en 2001 n’a-t-elle pas facilité la réouverture de la bourse de Wall Street, située à deux pas du World Trade Center, six jours plus tard ? Je sais bien que certains tiqueront de ce que je privilégie le matériel sur l’humain, mais la crise des subprimes en 2007 nous a appris que les institutions financières étaient le cœur du système, que c’était là qu’était le soleil véritable autour duquel toute la réalité humaine gravitait, que la disparition de ce soleil entraînerait la mort du système et le commencement d’une errance sans fin pour les planétoïdes que nous sommes tous. Il est là le véritable poumon des États-Unis d’Amérique, et par ricochet du monde libre et démocratique ! Qui sait ? Peut-être même cette décision de Christie Whitman, en permettant de relancer dare-dare le moteur économique étasunien, a-t-elle contribué à sauvegarder des précieux points de croissance et des millions vies irremplaçables..
Une dernière remarque là-dessus : pourquoi un pompier s’émouvrait-il de contracter un cancer ? A force d’aller dans les incendies, de respirer des fumées toxiques de toutes sortes, c’est un noir compagnon que l’on croise tôt ou tard sur son chemin. Partir d’un cancer pour un pompier, c’est comme la cirrhose pour les vignerons, ou la balle perdue pour les soldats, cela fait partie, tout bien pesé, de l’ordre naturel. La charte des pompiers ne stipule-t-elle pas que la mort fait partie des risques du métier ?
Conclusion
Je veux finir cette accusation du comportement des pompiers en cette journée funeste du 11 septembre 2001 et dans la décennie qui a suivi, en rendant hommage au président George W. Bush, injustement brocardé selon moi dans cette polémique nauséabonde. Les pompiers ont en effet un grief particulier envers le 43ème président des États-Unis d’Amérique : l’homme s’est servi dans plusieurs de ses spots de campagne de 2004 de vidéos mettant en scène des familles de victimes et des pompiers de Ground Zero. Celui intitulé « safer, stronger », où l’on voit un groupe de pompiers transportant le cercueil d’un des leurs recouvert de la bannière étoilée, sur fond d’images de la tragédie a particulièrement choqué les intéressés. La polémique populiste qu’ils ont déclenchée en réponse n’a heureusement pas empêcher le président qui a dû faire face à l’impensable de gagner une seconde fois le cœur du peuple étasunien.
Le caractère choquant de cette démarche n’est qu’apparent. La séparation des pouvoirs, contrairement à des pays comme la France, n’est pas un vain mot. Si le président George W. Bush avait écouté son cœur, il aurait certainement signé sans réfléchir n’importe quel chèque en blanc que leur aurait tendu les pompiers. Cependant une enquête indépendante a été menée. Les sénateurs, surtout dans le camp républicain, domptant le flot d’émotions patriotiques qui les submergeaient, ont courageusement mené leur enquête pour voir de quoi il retournait vraiment. Il s’est avéré au terme de cette enquête dont les premières conclusions ont été rendues en juillet 2011, que les pompiers avaient en quelque sorte « vendu leur corps » pour les besoins de ce que l’on est obligé de considérer, tout bien pesé, comme une arnaque à l’assurance. Peut-être avaient-ils été mis en appétit par les 4,65 milliards de dollars récupérés par le pauvre Larry Silversteïn, l’homme qui a sauvé d’innombrables vies de pompiers en les obligeant à sortir de la tour 7 avant son effondrement (voir chapitre 3). Larry Silversteïn, un vrai héros pour le coup… aucun rapport avec ces pompiers mythomanes qui entendent des explosions à chaque coin de rue, et fantasment un cancer derrière chaque grain de beauté. Tout ce monde-là à l’évidence ne joue pas dans la même division.
Post Scriptum : au moment où je rends public sur le World Wide Web ce chapitre sur les pompiers dévoyés du 11 septembre, un reportage vient de passer sur M6 dont les personnages principaux sont les pompiers du 11 septembre. Les auteurs du reportage, qui disposent d’autres moyens que moi, ont pu se rendre aux États-Unis pour mener leur enquête dans des conditions autrement plus satisfaisantes. Ils sont parvenus à deux conclusions que je suis obligé de discuter, eu égard à leur caractère profondément novateur. Premier point : Les auteurs ont découvert que les policiers présents autour du site se sont rendus compte avant les pompiers que les tours jumelles allaient s’effondrer et ont tenté de les avertir. Ce nouveau fait renforce mon hypothèse de la folie des pompiers : si des gens ne connaissant rien aux incendies d’immeubles peuvent avertir des professionnels d’une évidence faisant partie du B-A BA de leur instruction, nous tenons là la preuve indubitable de l’état de démence des pompiers que j’ai décrit de façon convaincante à travers deux exemples édifiants. Second point : les policiers, l’esprit foudroyé par cette évidence auraient tenté d’avertir leurs collègues en rouge à l’intérieur des tours, mais en vain, en raison du fait qu’ils n’étaient pas informés de la fréquence sur laquelle était calée les talkie-walkies des pompiers. Là je suis obligé de m’insurger. Autant la première hypothèse me semble traduire une belle trouée dans le chemin vers la vérité, autant le second me semble propre à jeter le discrédit le plus profond sur le respectable et nécessaire mouvement des debunkers. Comment imaginer une erreur aussi incroyable ? Il faut bien plutôt supposer que les pompiers ont entendu les avertissements des policiers, mais qu’ils n’ont pas voulu les entendre. Occupés à cisailler les poutres en acier au chalumeau oxy-éthylène, rendus sourds à toute parole humaine sensée, la parole de leurs collègues en bleu comptaient à ce moment là pour de la poussière. Cette interprétation des mauvaises communications me semble pour le coup vraiment tirée par les cheveux, et sur ce coup-là, je me dis que la petite chaîne qui monte est tombée bien bas.
Donald Forestier
co-écrit avec Charles Aissani, sous le pseudonyme de Donald Forestier, publié sur le site Agoravox le 10 octobre 2011. Le décalage de parution d’un an s’explique par le retard irrattrapable pris l’année précédente dans la rédaction de l’ensemble des articles. Seules se trouvent dans cette situation les parties 7/12 et 8/12